ROME (AFP) - Le coureur cycliste italien Marco Pantani, mort à l'âge de 34 ans le 14 février dernier à Rimini (est), a succombé à une surdose de cocaïne, une drogue dont il était devenu dépendant.
"La mort de Marco Pantani a été provoquée par une intoxication aiguë de cocaïne", a-t-on appris vendredi dans le rapport d'autopsie établi par le médecin légiste, Giuseppe Fortuni, et adressé au procureur chargé de l'enquête, Paolo Gengarelli.
"Les preuves provenant de l'autopsie, des examens toxicologiques et histologiques indiquent qu'une intoxication aiguë de cocaïne a provoqué un oedème pulmonaire et cérébral qui sont la cause certaine du décès", poursuit le rapport.
"Il n'y a pas d'éléments concrets pouvant étayer l'hypothèse du suicide", ajoute le médecin légiste dans ce rapport préliminaire, qui sera détaillé ultérieurement.
Le professeur Fortuni, de l'université de Bologne, ne fait pas mention dans ses conclusions, comme une cause concomitante du décès, de médicaments antidépresseurs que Pantani prenait depuis longtemps sous contrôle médical.
La mort est survenue entre 10h00 GMT, quand une femme de ménage a rangé la chambre de Pantani, et 19H30 GMT, quand un réceptionniste a trouvé le corps, alors qu'il apportait des serviettes propres.
Depuis le décès du coureur, la police est sur les traces des personnes qui lui auraient vendu de la drogue et elle a toujours privilégié l'hypothèse d'un décès provoqué par la cocaïne.
"Un faux ami a vendu de la cocaïne à Pantani", avait titré le journal de Turin La Stampa, quelques jours après le décès du champion. "C'était un secret de Polichinelle que Marco était devenu toxicomane", ajoutait le quotidien.
Un prêtre ami de la famille Pantani, don Pierino Gelmini, avait révélé à la presse que l'ex-champion devait se rendre, à la fin février, dans un centre de désintoxication créé par le religieux en Colombie. Pour rester en contact avec sa passion, le vélo, il devait aussi initier des jeunes colombiens à ce sport.
L'ancien champion avait été retrouvé mort le 14 février dernier dans une résidence hôtelière de Rimini, station balnéaire de la côte adriatique, où il s'était isolé depuis plusieurs jours. Il a été enterré à Cesenatico (est), sa ville d'origine, le 19 février.
Avant son décès, celui qui avait été surnommé "Le Pirate" en raison de son look (crâne rasé, barbichette, bandana) avait dénoncé, sur des pages griffonnées dans sa chambre d'hôtel et son passeport, la justice, la presse et le milieu du cyclisme.
Ils les accusaient de l'avoir "humilié et persécuté". "J'ai été humilié pour rien. Pendant quatre ans, j'ai été dans tous les tribunaux. J'ai seulement perdu l'envie d'être comme les autres sportifs", écrivait-il en réclamant "des règles, oui, mais égales pour tous".
"Il n'existe pas de métier où il faille donner son sang pour l'exercer (...). Allez donc voir ce qu'est un cycliste et combien d'hommes sombrent dans une tristesse terrible en cherchant à rattraper leurs rêves d'hommes et qui se brisent dans la drogue", ajoutait-il.
La carrière de Pantani avait connu un coup d'arrêt brutal lors du Tour d'Italie 1999 quand des contrôleurs de l'Union cycliste internationale (UCI) avaient décelé un hématocrite trop élevé chez le champion. Le "Pirate" avait été mis hors course alors qu'il était sur le point de remporter le Giro pour la deuxième fois consécutive.
Depuis, le grimpeur, très aimé des tifosi pour son orgueil et sa rage de vaincre, était un homme brisé. L'été dernier, on avait appris qu'il avait été soigné dans une clinique de désintoxication et de maladies psychiatriques.
Marco Pantani avait remporté en 1998 le Tour de France et le Giro, une performance qui n'a pas été rééditée depuis.
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