Extrait de la chronique Le bonheur des lounges publiée dans Vélo Mag en mars 2004
Dominique Perras
Depuis que je signe cette chronique, j'évite autant que possible de jouer les critiques ou les analystes du monde du cyclisme. Comme ce que je fais de mieux est encore de pédaler, il m'apparaît logique de me limiter à vous relater mes expériences et mes observations. Ce n'est pas à moi de juger les autres. Mais il m'est difficile de ne pas parler de Marco Pantani. Je ne le connaissais pas vraiment. J'ai à peine eu la chance de le côtoyer dans un certain nombre d'épreuves ces dernières années et je connaissais encore moins ses problèmes personnels. Mais la manière dont on a parlé de son décès, dans la presse notamment, m'a grandement attristé. Tous ces liens avec le dopage sportif m'apparaissent inappropriés. Marco Pantani souffrait de dépression mentale sévère depuis plus d'un an (il avait d'ailleurs été interné à quelques reprises), qu'il traitait avec des anti-dépresseurs en plus de souffrir d'un problème de dépendance aux drogues dures. Son décès n'a simplement rien à voir avec les produits dopants sportifs, si ce n'est que ses démêlés avec la justice l'ont grandement affecté émotivement.
Mais surtout, comme une majorité de gens je présume, je connais des personnes qui ont souffert de cette maladie, et cette nouvelle m'est allée droit au cœur. Alors dites-moi, n'y a-t-il pas un meilleur moment pour faire son procès qu'au lendemain de son décès? Il me semble que c'est une simple question de respect. J'espère qu'il a escaladé sa dernière route avec autant d'aisance qu'il le faisait sur le bitume.
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