COMPIEGNE (AFP) - La décision de Cofidis de suspendre provisoirement l'activité de son équipe a été saluée samedi par le cyclisme français en général, qui a estimé "responsable" ce retrait afin de rebondir sur d'autres bases.
"Sage", "responsables", ce sont les adjectifs qui sont revenus dans les propos des directeurs des autres équipes et des dirigeants des instances. "Courageux", ont-ils souvent ajouté.
"Avaient-ils le choix ?", a déclaré Thierry Cazeneuve, président de la Ligue du cyclisme professionnel. "Je l'ignore mais je me demande si pour d'autres, frappés des mêmes maux, l'attitude aurait été la même". "Je me garderai bien de leur donner des leçons", a affirmé Philippe Raimbaud, président démissionnaire de l'Association des groupes sportifs (AC 2000) et directeur de l'équipe La Boulangère. "Je reste sur une idée simple: on ne peut pas faire comme si rien ne se passe".
Le retrait provisoire de l'équipe française, annoncé vendredi soir, doit lui permettre de repartir sur des bases différentes si l'on se fie à la réunion tenue samedi au siège de Cofidis, près de Lille.
"On va évoluer", a déclaré Jimmy Casper, le coureur picard qui a rejoint la formation nordiste à l'intersaison. "Il n'y a pas encore de date exacte de reprise mais nous sommes très optimistes sur la suite à long terme pour Cofidis. Si l'équipe prend de bonnes décisions, elle continuera encore longtemps. Dans le futur, on sera une équipe avant-gardiste. Une équipe plus claire que les autres".
Cette nécessité de procéder à un changement, après les révélations de toutes sortes liées à l'enquête sur un trafic présumé de produits dopants, a été soulignée également par Jean-Marie Leblanc, le directeur du Tour de France, qui a voulu élargir le sujet au-delà du cas Cofidis.
"On voit un noyau dur, je devrais dire un noyau de petits durs, qui ont des comportements déviants, de dopage et aux confins de la drogue", a déclaré à l'AFP le directeur du Tour. "Il y a sans doute de la part des encadrements, sinon du laxisme ou de la complicité, en tous les cas un manque de rigueur."
Le directeur du Tour a estimé que le moratoire observé par Cofidis était "la seule issue possible à la tourmente juridico-médiatique" dans laquelle cette équipe a été plongée.
"François Migraine (président de Cofidis), que j'ai vu jeudi dernier à sa demande, est un passionné, un homme sincère et courageux, a ajouté Jean-Marie Leblanc. Il a eu du courage pour prendre cette décision. Il lui en faudra encore pour se séparer de certains de ses collaborateurs".
Pour le directeur du Tour, cette pause bienvenue "ne servirait à rien" si elle n'était pas doublée de signes forts, "changer de têtes, de méthodes, apporter des réformes", par exemple l'intéressement permanent à remettre en cause.
Jean-Marie Leblanc a également voulu profiter de la circonstance pour responsabiliser les dirigeants d'équipes présents à la réunion d'avant-course à Paris-Roubaix: "Est-il préférable de perdre une course ou une réputation, un sponsor ou sa dignité ?"
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