12 avril 2004

" Le vélo a la baïonnette au creux des reins ! "

Entretien avec Philippe Raimbaud, directeur de l'équipe Brioches la Boulangère, démissionnaire de l'association des groupes sportifs français.

Propos recueillis par Frédéric Sugnot

Président de l'association des groupes sportifs français (AC 2000), Philippe Raimbaud dirige aussi l'équipe Brioches la Boulangère. Samedi, il a démissionné de ses fonctions à l'AC 2000 parce qu'il lui devenait " difficile moralement " de continuer à assumer son rôle dans le climat actuel des scandales où des dirigeants de groupe sportifs hexagonaux sont impliqués dans les affaires de dopage. Il nous explique sa position face à la crise que traverse actuellement le cyclisme.

Le vélo est-il aujourd'hui au point culminant de sa crise ?

Philippe Raimbaud. Oui sûrement. Le cyclisme doit aujourd'hui faire son examen de conscience. On est au coeur d'un sport merveilleux mais la situation actuelle est tellement gangrenée que les bons comme les mauvais élèves prennent claque sur claque jour après jour à cause du dopage. Ce qui se passe en ce moment est très grave. Moi, je ne vis pas cette passion pour voir des gens autour de moi risquer leur vie avec des comportements proches de la toxicomanie.

Peut-on encore assainir le milieu du cyclisme ?

Philippe Raimbaud. Évidemment. Je ne désarme pas même si notre sport a la baïonnette au creux des reins en ce moment. Compte tenu de tout ce qui se passe en Espagne, en Italie, en France mais aussi en Belgique, l'urgence est de mettre notre attention sur le problème des dérives du dopage. Et pas de réfléchir à la nouveauté d'un Pro-Tour proposé par l'Union cycliste internationale qui est une réforme nécessaire mais certainement pas urgente.

Les mentalités dans le peloton ont-elles vraiment changé après le scandale Festina de 1998 ?

Philippe Raimbaud. Il y a une vraie évolution par rapport à 1998. Les moeurs du peloton ont changé en bien par rapport au dopage. En grossissant le trait, à l'époque de l'affaire Festina, tout le monde était plus ou moins " pourri ". Ensuite certains ont continué en tournant le dos aux pratiques anciennes. Le problème, c'est encore une fois qu'en faisant les bons choix, les gens propres payent toujours aujourd'hui pour tous ceux qui continuent comme avant.

Comment faites-vous pour vous prémunir du dopage à l'intérieur de votre équipe ?

Phillipe Raimbaud. Malheureusement, le risque zéro n'existe pas en la matière. Même moi qui crois être sûr de tous mes coureurs, je suis peut-être " cocu " question dopage.


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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