Dopage. Cédric Vasseur et Médéric Clain ont été convoqués chez le juge Richard Pallain.
Les PV de l'instruction révélés vendredi par «L'Equipe» mettent en cause les patrons et le médecin de la formation cycliste française dans le dopage des coureurs.
Dino Dimeo
Les pratiques dopantes du peloton étonnent de plus en plus. A deux jours de Paris-Roubaix, course qui se dispute sur le terroir même de Cofidis, sponsor de la principale équipe incriminée, le déballage actuel fait mauvais genre. La pression monte à trois mois du Tour de France.
La société de crédit, dont le siège est à Wasquehal (Nord), a appris jeudi que le journal l'Equipe allait publier le lendemain des extraits des procès-verbaux de l'instruction de l'affaire de dopage présumé la mettant en cause. Le sponsor a alors tenté, en vain, d'obtenir une interdiction de diffusion du quotidien et son retrait des kiosques.
Dirigeants mouillés
L'affaire Cofidis, pour laquelle huit personnes ont déjà été mises en examen par le juge Richard Pallain, continue donc à faire parler d'elle. Surtout grâce aux coureurs, dont les langues se délient plus facilement devant la police. Dans ces PV, les cyclistes Philippe Gaumont et Robert Sassone mouillent les dirigeants de l'équipe nordiste. Gaumont cite à plusieurs reprises Alain Bondue, le manager, mais surtout Jean-Jacques Menuet, le médecin, qu'il accuse d'administrer discrètement les produits dopants que les coureurs lui apportent.
Ce dernier ne limite pas ses activités au cyclisme, puisqu'il est également médecin du groupe d'athlétisme composé entre autres de Christine Arron et Muriel Hurtis. Perquisitionné dès les débuts de l'enquête, Menuet a déjà été entendu par le juge Pallain qui n'a pas estimé devoir le mettre en examen. Enquête italienne.
Pourtant, des faits nouveaux sont révélés dans l'instruction. D'une part, le témoignage de Gaumont mettant en cause l'Ecossais David Millar, champion du monde du contre-la-montre et leader du groupe, qui aurait incité au dopage, ce qui pourrait lui valoir une visite à Nanterre. Gaumont raconte que pendant le Tour 2003, Millar est allé voir Menuet pour lui demander de donner à Gaumont et à Vasseur, le même produit qu'il avait pris le matin même.
Gaumont raconte: "Le matin de l'étape des Champs Elysées, Menuet nous a injecté, chacun une seringue d'un liquide limpide (...) Après l'injection, Menuet avait dit: on va voir du Cofidis ce soir à la télé".
D'autre part, l'apparition d'un préparateur physique italien, Massimo de Ritis. Ce dernier est mêlé à l'enquête portant sur le Giro 2001 et la perquisition musclée de San Remo. De Ritis est un proche de Massimiliano Lelli, un autre membre de l'équipe Cofidis. Il aurait reçu la visite à Rome de Gaumont mais aussi de Cédric Vasseur, à la fin de l'année dernière. Après San Remo, ce préparateur sulfureux s'était fait coincer par la police en Sicile, sans que les ordinateurs saisis ne parlent.
Gaumont bavard
Par ailleurs, Vasseur, mis en examen dans cette affaire, a démenti, hier lors d'une conférence de presse, les accusations portées par Philippe Gaumont. Ce dernier - qui s'est beaucoup livré, lui qui avait passé sa carrière à nier toute implication - met aussi en cause Armand Mégret, le médecin fédéral actuel. L'ancien coureur Cofidis l'accuse de lui avoir fait sa première piqûre de corticoïde, à l'époque où les deux hommes étaient encore dans l'équipe Castorama. Armand Mégret devra sûrement rappeler ces tristes souvenirs lorsqu'il se rendra vendredi prochain à la table ronde convoquée par Jean Pitallier, le président de la Fédération française de cyclisme (FFC), pour faire une "remise à plat" dans la "crise grave" que traverse ce sport. Le milieu montrant une nouvelle fois son vrai visage.
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