Arnaud Hermant et François Vignolle
Après les coureurs, c'est au tour d'Alain Bondue, manager général de l'équipe Cofidis, d'être mis en cause dans l'affaire de dopage instruite à Nanterre. Selon les procès-verbaux d'un coureur de l'équipe française mis en examen, Alain Bondue aurait, lors du Tour 1998, « payé autour de 10 000 F (1 500 €) un motard pour approvisionner son équipe en EPO. » Le manager nordiste rejette en bloc ces accusations : « C'est complètement diffamatoire.
Je n'ai jamais transporté d'EPO. J'aurais donc été le pourvoyeur, l'incitateur, alors que, un an après, j'ai viré Francesco Casagrande parce qu'il avait été contrôlé positif. » Le dirigeant certifie avoir organisé une réunion lors de ce Tour, pendant lequel a éclaté l'affaire Festina. « J'ai dit aux coureurs de jeter tous leurs produits dopants, s'ils en avaient. J'ai même menacé de fouiller les valises. » Lors de cette entrevue, Philippe Gaumont, l'un des cyclistes présents, a quitté l'assemblée. « Bondue voulait qu'on fasse une prise de sang tous les jours. Je lui ai dit non car on subissait déjà de nombreuses injections », nous précise l'ancien coureur de Cofidis.
« On a l'impression qu'on veut nous détruire »
Selon d'autres auditions, Alain Deloeuil, directeur sportif de l'équipe, aurait chargé l'épouse de Gaumont de fournir de l'EPO à l'équipe. Bondue réplique encore : « Ce sont encore des propos diffamatoires. Les bilans sanguins des coureurs ont toujours été visés par trois médecins différents, le nôtre, celui de l'UCI et celui de la Fédération française. Aucun coureur n'a été suspendu lors de ces analyses. » Sur d'autres procès-verbaux, Jean-Jacques Menuet, le médecin de la formation nordiste, est lui aussi mis en cause. Il aurait fermé les yeux sur les pratiques illicites des coureurs et aurait même parfois « procédé à des injections ». « J'ai beaucoup de mal y à croire, ce n'est pas possible, renchérit Bondue. Il m'avait alerté sur le cas suspect de l'un de nos coureurs. A partir de là, on avait sollicité la fédération pour qu'elle réalise un contrôle inopiné sur ce cycliste. Cela n'a jamais été fait. » Hier, Bondue a décidé, à titre conservatoire, de suspendre de compétition Cédric Vasseur et Médéric Clain, les deux derniers coureurs Cofidis mis en examen dans cette affaire. A deux jours de Paris-Roubaix, les dernières évolutions de l'enquête semblent accabler l'équipe cycliste. Alain Bondue se montre inquiet pour l'avenir de sa formation : « Notre futur est sombre. On a l'impression qu'on veut nous détruire. »
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