Le médecin de l'équipe cycliste Cofidis, Jean-Jacques Menuet, et d'autres personnes de l'encadrement du groupe sont mis en cause dans les procès-verbaux d'audition de l'enquête sur les produits dopants, publiés par le quotidien sportif L'Equipe, aussitôt attaqué en justice par Cofidis.
Le Dr Menuet a été directement accusé par l'ancien coureur Philippe Gaumont, mis en examen et licencié entre-temps par son équipe, qui a procédé à un grand déballage devant le juge de Nanterre Richard Pallain instruisant le dossier. «La politique de Menuet, c'est de ne jamais prescrire un produit illicite, de ne jamais amener un produit interdit, mais si vous lui amenez ces mêmes produits, non seulement il vous renseigne mais, en plus, il est susceptible de vous les administrer», a déclaré Gaumont, exemple à l'appui.
Le Dr Menuet, qui est aussi le médecin d'un groupe d'athlétisme dont font partie les championnes du monde de relais 4x100 m Christine Arron et Muriel Hurtis, a déclaré au quotidien qu'il respectait le cadre de l'instruction et ne souhaitait pas s'exprimer.
Le témoignage de Gaumont jette également une ombre sur le coureur écossais David Millar, champion du monde du contre-la-montre et vainqueur du contre-la-montre de Nantes dans le Tour de France 2003.
Des pages qui seraient « accablantes »
Gaumont a raconté notamment avoir demandé à utiliser «les restes de la préparation qu'il (Millar) avait prise le matin même avec Lelli, avant le chrono». «Menuet nous a injecté à chacun une seringue d'un liquide limpide», a-t-il ajouté.
Le manageur général de l'équipe Alain Bondue et le directeur sportif adjoint Alain Deloeil ont été également accusés pour des faits (transport de produits interdits) remontant à 1998. Tous deux ont nié formellement auprès du journal.
«Les quelque 3000 pages de l'instruction sont accablantes pour l'équipe dirigée par François Migraine car il apparaît que les personnes mises en cause dans les interrogatoires dépassent largement le nombre des mis en examen à ce jour (huit)», estime L'Equipe.
Le coureur Cédric Vasseur, mis en examen par le juge Pallain après une analyse capillaire qui présentait des traces de cocaïne (un autre prélèvement a abouti à un résultat inverse), se voit également reprocher par Gaumont de s'être appliqué des patchs sur le ventre lors du dernier stage de l'équipe, en janvier, en Espagne. «Il m'a dit que c'était de la testostérone (produit interdit, NDLR)», a déclaré Gaumont. Selon le journal, Vasseur aurait admis lors de son audition avoir donné de l'Actovegin (produit désormais interdit, NDLR) à Gaumont après s'en être procuré depuis trois ans, en Allemagne et sans ordonnance.
La réaction du Dr Mégret
Dans ses dépositions, Gaumont cite aussi deux coureurs déjà mis en examen, Médéric Clain (suspendu actuellement par Cofidis) et Robert Sassone (sans licence). L'existence d'un petit trafic, d'échange et vente de produits dopants (EPO, hormones de croissance) sous le manteau, se confirme à travers les déclarations du directeur sportif de l'équipe Oktos, le Kazakh Oleg Kozlitine (mis en examen lui aussi).
Gaumont accuse enfin l'actuel médecin de la Fédération française de cyclisme, le Dr Armand Mégret (à l'époque dans un groupe sportif), de lui avoir fait une piqûre de corticoïde en 1994, sa première expérience en matière de produit illicite selon lui. «J'affirme que je n'ai jamais fait de piqûre de Kenacort à Gaumont, pas plus qu'à n'importe quel autre coureur», a réagi devant le juge Pallain le médecin fédéral qui a contre-attaqué: «Gaumont est le seul coureur du milieu néo-professionnel qui, dès le premier contact, m'a demandé de lui procurer des produits dopants. Ce n'était pas aussi direct, mais c'est ce que cela voulait dire...»
Cofidis contre-attaque
L'équipe cycliste française Cofidis attaque en justice le quotidien sportif L'Equipe et demande le retrait des kiosques de l'édition du 9 avril, dans le cadre d'une affaire de dopage présumé au sein de la formation, a-t-on appris vendredi auprès de l'avocat d'un coureur. La responsable de la communication institutionnelle de Cofidis, Valérie Sartoris, jointe par l'AFP, a confirmé cette information, expliquant: «nous trouvons injuste de ne pas avoir accès au dossier alors que tout est révélé dans le journal l'Equipe».
Selon l'avocat du coureur Cédric Vasseur, Me Wambeke qui parle d'une «violation caractérisée du secret de l'instruction», le groupe Cofidis doit également demander «le paiement d'une provision sur les dommages et intérêts». Me Wambeke déplore notamment que le dossier ait été ainsi dévoilé alors que les résultats des contre-expertises réalisées pour son client, soupçonné de dopage, n'ont pas encore donné leur résultat.
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