1er décembre 2004

Pour Phonak, le sang a coulé

Frédéric Sugnot

Radio Tour ne crépitera pas l’an prochain au départ du Tour de France à Noirmoutier de la blague préférée des suiveurs : « Phonak, si toutefois vous nous entendez, vous êtes demandé à l’arrière du peloton ! » L’équipe cycliste suisse, sponsorisée par un spécialiste des prothèses auditives, a été définitivement exclue, hier, du nouveau circuit ProTour regroupant à partir de l’année prochaine les principales formations cyclistes du peloton. La décision a été annoncée par l’Union cycliste internationale (UCI) dans un très sec communiqué émis depuis son siège suisse.

objectif : laver plus blanc que blanc
On connaît donc maintenant les noms des dix-neuf équipes (voir ci-dessous) qui composeront la nouvelle élite professionnelle à partir de janvier 2005. Dix-neuf seulement, car l’équipe française AG2R et la formation belge Mr Bookmaker n’ont pas été repêchées par la commission des licences de l’UCI formée de trois personnalités suisses.

Quant à Phonak, l’équipe au maillot vert et jaune, elle a finalement payé les affaires de dopage qui ont obscurci ses rangs. Trois coureurs majeurs de l’effectif (le Suisse Oscar Camenzind, l’Américain Tyler Hamilton, l’Espagnol Santiago Perez) ont en effet subi un contrôle antidopage positif ces derniers mois. L’annonce du licenciement de Hamilton intervenu en catimini, le 25 novembre, n’a rien changé à la décision des trois « sages » de l’autorité du vélo. Pour eux, l’admission de l’équipe Phonak dans l’UCI ProTour « serait aujourd’hui de nature à nuire à l’image du sport cycliste ».

En cause aussi, l’attitude des dirigeants de la formation suisse qui ont récemment remis en cause la méthode de détection des transfusions sanguines. Rappelons en effet que Tyler Hamilton et Santiago Perez ont eu l’insigne honneur cet automne d’être les premiers sportifs de l’histoire déclarés positifs pour transfusion sanguine.

Autant dire que les Suisses de Phonak auraient gâché le tableau de la nouvelle élite du vélo et fait tâche alors que l’UCI affiche sa volonté de laver plus blanc dans un sport régulièrement miné par les affaires de dopage. On doute maintenant que l’équipe helvète ose formuler un recours contre cette décision auprès du tribunal arbitral du sport de Lausanne.

Le cas Phonak évacué, restait enfin à statuer sur les recours des équipes AG2R et Mr Bookmaker. Cette dernière, outre un dossier peu crédible, n’était pas servie par le cas de son leader Franck Vandenbroucke (voir l’Humanité d’hier) embringué en Belgique dans un procès en correctionnelle pour détention de produits dopants. Hier, l’expert du tribunal chargé d’analyser les produits s’exclamait dans la presse belge que les médications - découvertes chez Vandenbroucke (VDB) correspondaient plutôt à la pathologie d’un « nain insuffisant rénal, anémique, au coeur faible et au comportement psychotique ». Or VDB porte beau le cuissard.

« cette décision est injuste »
Le cas d’AG2R est très différent. La formation française a été recalée parce qu’elle n’a pas le niveau sportif suffisant. Du moins sur le papier. Son leader, Jean-- Patrick Nazon (vainqueur d’étape sur le Tour de France 2004), n’occupe en effet que la 135e place du classement mondial. Patron d’AG2R, Vincent Lavenu a choisi de riposter sur la route dès 2005. Hier, il disait : « La décision a été prise en se basant sur le classement mondial UCI mais il y a d’autres paramètres. Sans amertume, sans agressivité, on va chercher à montrer que cette décision n’est pas juste. » Déjà assurée de prendre part au Tour de France 2005, comme l’a déjà annoncé à la presse le directeur de la Grande Boucle Jean-Marie Leblanc, l’équipe AG2R reléguée à l’échelon inférieur pourra néanmoins participer à d’autres grandes épreuves du calendrier.


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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