L'ancien coureur espagnol Jesus Manzano, exclu du Tour d'Espagne en 2003 par son équipe Kelme qui n'a ensuite pas reconduit son contrat pour 2004, révèle mercredi dans le quotidien As toutes les pratiques de dopage qu'il a connu dans le peloton et notamment sur les routes du Tour de France.
Dans l'article «Ainsi se dope un cycliste», qui sera publié en deux jours, Manzano, âgé de 25 ans, qui affirme ouvertement agir pour se venger de son équipe qui l'avait exclu du Tour d'Espagne en l'accusant d'avoir eu des relations sexuelles avec une amie, ne cache rien.
L'Espagnol raconte notamment que son équipe pratiquait les autotransfusions pour le Tour de France, qu'on lui a injecté un produit avant une étape de montagne qui l'a fait s'évanouir, et qu'il a failli mourir au retour du Tour de France après une nouvelle autotransfusion réalisée pour des motifs obscurs.
Avant le Tour d'Espagne 2003, «le dimanche, on est allé à Valence pour qu'on nous retire du sang dans un cabinet. On nous prend un litre de sang dans deux poches de un demi-litre. Après, on utilise une des poches de sang pour le (début du) Tour et une autre pour plus tard dans la course. Un truc que je n'ai pas trouvé normal, c'est que les poches sont laissées sur des plateaux en plastique (...) la première chose qu'on aurait dû faire c'est les marquer et les mettre dans un endroit où elles se conservent bien. Nous ne sommes pas des chiens», raconte Jesus Manzano qui explique que chaque coureur verse 3000 euros pour le stockage des produits.
«La loi française est différente de la loi espagnole, et il y a des gens qui se consacrent à conserver les médicaments. Je crois que c'est quelqu'un de l'entourage. En argot, on l'appelle le "pigeon voyageur"», dit-il. «Au début du Tour, on utilise peu de choses parce qu'on suppose que les traitements d'avant course doivent te durer jusqu'à la fin de la première semaine. Ainsi, est arrivé la première étape de montagne, où j'ai perdu connaissance. Le matin on avait essayé une substance que je n'avais jamais prise», poursuit Manzano.
«Le matin, on m'a injecté 50 ml du produit. J'ai appelé ma petite amie et je lui dit Prépare-toi. Aujourd'hui, je vais bien marcher, d'après ce que j'ai compris. A mi-étape, une échappée est partie. J'ai démarré. J'avais comme une sensation de fringale... Comme si le changement de vitesse était mou. C'était très bizarre. J'avais les mains endormies. Au bout de trois kilomètres après avoir démarré j'ai commencé à avoir envie de vomir, j'avais très chaud avec des sueurs froides. Des sensations de très chaud et surtout de très froid. Je me sentais bizarre, j'avais des tremblements et Virenque (qui était parti avec moi) m'a regardé et s'est éloigné. J'ai continué pendant 500 m et je ne me rappelle plus de rien, si je suis tombé (..) J'avais l'impression que je m'en allais. Je me suis rendu compte que j'étais dans l'ambulance (...) j'avais l'impression d'avoir la langue gonflée, l'air ne rentrait plus. J'aurais voulu qu'on me fasse un trou dans la gorge (...) Plus tard, j'avais le ventre gonflé, je ne pouvais pas uriner, j'avais les tripes détruites», se souvient Manzano.
Une fois revenue en Espagne, l'équipe lui a demandé de s'injecter le sang de l'autotransfusion non utilisée dans le but d'une hypothétique participation au Tour du Portugal: «Je suis revenu à Valence» par obligation.
Au cabinet, l'autotransfusion avec une poche qui ne portait aucun nom se passe mal: «Au bout de 125ml j'ai commencé à me sentir très, très, très mal. j'avais plus froid qu'au pole nord en juillet à Valence. S'ils m'avaient mis le demi-litre, je serais dans une boîte en sapin».
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