22 mars 2004

La course, remportée samedi par l'Espagnol Oscar Freire, a été occultée par les résultats du rapport d'autopsie.

Milan-San Remo dans l'ombre
de l'affaire Pantani

Eric JOZSEF

Samedi, Milan-San Remo, première des grandes classiques du printemps, a été remportée au sprint par l'Espagnol Oscar Freire (Rabobank), devant l'Allemand Erik Zabel (T-Mobile), qui, croyant avoir course gagnée, a relâché son effort trop tôt. Hormis ce final ubuesque, c'est surtout l'ombre de Marco Pantani qui a plané sur la course. La veille au soir, le rapport d'autopsie de Marco Pantani, décédé le 14 février dans une chambre d'hôtel à Rimini, avait été rendu public, excluant l'hypothèse du suicide. Une overdose de cocaïne aurait ainsi provoqué les oedèmes pulmonaires et cérébraux entraînant la mort du «Pirate», qui, au-delà des accusations de dopage, avait depuis quelques années sombré dans la toxicomanie. «Comme par hasard, on publie les résultats de l'autopsie la veille de Milan-San Remo», s'est immédiatement indigné Amedeo Colombo, président de l'association des coureurs transalpins.

Dépité. «Si même La Gazzetta dello Sport, qui organise la Milan-San Remo, préfère faire sa une sur la mort de Pantani plutôt que sur la course...», se désolait quelques minutes avant le premier coup de pédale le directeur sportif d'une équipe italienne, dépité de voir aussi peu d'enthousiasme durant la présentation des équipes. «C'est parce qu'il y a trop de petites courses avant les grandes classiques, la concurrence médiatique d'autres sports et puis les scandales», se plaint-il alors qu'une grande émission télévisée italienne a, quelques heures avant Milan-San Remo, diffusé des images de l'enquête policière effectuée dans le cadre du Giro d'Italie 2001. On y voit le coureur Denis Zanette dans sa chambre d'hôtel, qui se fait injecter dans le bras un liquide médicamenteux par le médecin de son équipe. Puis il prend un autre produit et remplit lui-même la seringue avant d'ouvrir son portefeuille et de payer pour le service rendu. A 33 ans, Denis Zanette, longtemps suivi par le sulfureux professeur de Ferrare Francesco Conconi, est mort des suites d'un arrêt cardiaque en janvier 2003.

«Peloton propre». «Je n'en peux vraiment plus des discussions sur le dopage», est pourtant venu dire à Milan Hein Verbruggen, le président de l'Union cycliste internationale (UCI) lors d'un forum organisé avant la course, en vue de relancer l'intérêt populaire et économique pour le vélo. Et d'affirmer, péremptoire, que «95 % du peloton est propre». Gian Carlo Ceruti, le président de la fédération italienne de cyclisme, le corrige : «S'il se réfère uniquement au nombre de cas positifs aux contrôles antidopage, alors c'est vrai. Mais le phénomène est en réalité beaucoup plus important. Les athlètes ont compris que quelque chose a changé avec plus de contrôles effectués et l'introduction de lois antidopage mais c'est l'environnement des coureurs qui tarde à se modifier. Il faut que certaines personnes comprennent qu'elles doivent s'en aller. Je ne vois malheureusement pas beaucoup de visages nouveaux et, honnêtement, il est difficile de penser que le renouveau interviendra sans une action forte.»

Présent en Italie, Lance Armstrong a d'ailleurs continué à défendre Michele Ferrari, son médecin et ancien collaborateur de Conconi, aujourd'hui en procès en Italie pour dopage : «Michele est un homme incompris. C'est une personne très correcte et sans doute l'homme le plus intelligent que j'ai rencontré dans le cyclisme. Personne ne sait évaluer comme lui un entraînement ou une performance.» Celle du coureur américain à Milan-San Remo a en tout cas été de courte durée. En raison d'un début de bronchite, le Texan a une nouvelle fois déserté au dernier moment la grande classique italienne, qui n'a retrouvé qu'un peu de ferveur populaire le long du parcours à l'approche de la Riviera.

Légendaire. Sur la ligne d'arrivée, au bout de la légendaire via Roma, Oscar Freire, déjà deux fois champion du monde, s'est imposé. Zabel, sûr de sa victoire, a levé trop tôt les bras au ciel et a été grillé sur le fil pour onze millièmes de secondes. Après avoir parcouru les 294 kilomètres du parcours à 40,892 km/h en moyenne, bien en deçà des stupéfiants records des années passées.


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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