20 novembre 2004


Anne Cuneo a suivi le Tour de Suisse et collecté toutes sortes d’informations,
pour essayer de comprendre le phénomène du dopage.

Le dopage selon Machiavelli

Un roman palpitant d'Anne Cunéo éclaire certaines coulisses du vélo. Particularité : l’auteur n’a rien inventé ! La quatrième aventure de la redoutable enquêteuse Marie Machiavelli l’entraîne dans le monde du cyclisme.

Jacques Poget

Raconter un polar, cela ne se fait pas. Sachez quand même que la Lausannoise résout une énigme mortelle et vit une histoire d’amour. Sachez surtout que cette docu-fiction éclaire les mécanismes du dopage grâce à une recherche méticuleuse. Car elle est aussi tenace que son héroïne, Anne Cuneo, journaliste bien connue, habituée de la Télévision romande et de notre journal, auteur de films et surtout romancière. Elle a suivi et évoqué dans ces pages le Tour de Suisse et collecté une montagne d’informations à toutes les sources possibles, dans une tentative citoyenne de saisir le phénomène du dopage. Comment tous ces hommes jeunes et forts mettent-ils leur vie en péril ? Pourquoi donc demeurent sans effet les avertissements les plus criants : toutes ces vies de héros admirés détruites par les poisons de la performance ? Anne Cuneo a pris la roue de nombreux professionnels; du coureur au directeur d’équipe, du soigneur au journaliste, elle a approché tous les rôles du grand cirque cycliste, avec l’obsession de savoir pour comprendre. Comme Marie Machiavelli, Anne Cuneo a une méthode et de la chance. Et de l’obstination. L’obstination sert à venir à bout des résistances en traquant sources et indices. La chance, elle se la crée en suscitant des rencontres avec les spécialistes qui vont patiemment partager leur science.

Véritable documentaire
La méthode consiste à organiser l’intrigue autour des données objectives collectées. Dans tous ses livres, qu’elle parle de Shakespeare, de Claude Garamond ou du Tour de Suisse, l’écrivain nous entraîne dans un véritable documentaire, rendu haletant par une intrigue bien ficelée, ici dans un décor lausannois et alémanique finement décrit. Un bémol toutefois : l’attachante Marie est servie par trop de coïncidences pour que le lecteur ne se sente pas manipulé. Il a tort, assure l’auteur : rien n’est inventé. Même l’anecdote du détective privé qui…? Oui, même celle-là est vraie ! Ne ratez pas la postface; Anne Cuneo y raconte les coulisses du livre, cite Festina et Ben Johnson, Voet, Menthéour et Bassons, remercie Bernard Duboux et Jean-Jacques Loup, Ferdy Kubler… et beaucoup de «cyclistes, entraîneurs, soigneurs en exercice ou à la retraite», dont la plupart ne se sont confiés qu’après qu’elle eut juré de ne pas révéler leur nom. Les amoureux du vélo seront reconnaissants à cette Martienne tombée dans le monde de leur passion : elle révèle avec sympathie, dénude avec tendresse, dénonce avec compréhension. Et en plus ça se lit comme un roman !


L’Hôtel des cœurs brisés, 372 pages


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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