Jean-Louis LE TOUZET
Le champion olympique américain du contre-la-montre, Tyler Hamilton, leader de l'équipe suisse Phonak, a été déclaré positif sur la Vuelta pour avoir eu recours à une transfusion sanguine. Si la contre-expertise se révèle positive, Hamilton risque deux ans de suspension. A 33 ans, cette sanction sonnerait alors le glas de sa carrière.
Le dopage sanguin est employé depuis les années 70. Remis à la page ces dernières années, il permet d'augmenter le taux de globules rouges et d'améliorer le transport d'oxygène dans le sang. Si son cas est confirmé, Hamilton serait le premier sportif contrôlé positif pour cette transfusion «homologue» (sang fourni par un donneur compatible), grâce à la récente validation d'un test. Selon Patrick Laure, chercheur associé en sciences du sport à l'université d'Orsay, «la méthode de détection est fondée sur le vieux principe qui consiste à différencier la répartition des antigènes de surface des globules rouges. En cas de transfusion, cette répartition est alors modifiée». Toujours selon Patrick Laure, «cette méthode est très fine puisqu'elle permet de constater des variations de globules rouges de l'ordre de 5 %». C'est cette «modification» qui aura été relevée par les analyses effectuées par le laboratoire de Lausanne sur le vainqueur en 2003 de Liège-Bastogne-Liège, quatrième du Tour la même année.
Tolérance zéro
Concrètement, deux cas peuvent se présenter : le coureur peut se faire réinjecter son propre sang ou il trouve «un donneur compatible». Au printemps dernier, le coureur espagnol Jesus Manzano avait révélé de semblables pratiques dans son équipe (Kelme) et ajoutait qu'il avait «vu la mort de près», la transfusion s'étant déroulée dans une chambre d'hôtel. Le Tour de France, qui annonçait «la tolérance zéro», recherchait de son côté l'été dernier les hémoglobines synthétiques et ne faisait pas mystère de sa volonté de procéder à de telles recherches dès que la méthode serait validée. Il ne fait plus de doute que le CIO (Comité international olympique), depuis les JO d'Athènes, et tout récemment l'UCI (Union cycliste internationale), comme on le voit, appliquent la méthode mise au point par l'Institute of Hematology Royal Prince Alfred Hospital de Sydney.
Tyler Hamilton, lui, a quitté le Tour d'Espagne la semaine dernière, six jours après avoir remporté le contre-la-montre de 40 km d'Almussafes, en prétextant «des douleurs à l'estomac». Il a, selon le site Cyclingnews, assuré qu'il n'avait jamais eu recours «à des transfusions». Mais expliquerait, en revanche, la positivité du test par une récente opération chirurgicale qu'il aurait subie. Où ? Quand ? Son directeur sportif, Alvaro Pino, ne dit rien de plus. «Mais, précise-t-il, connaissant Tyler comme je le connais, je suis assez serein.»
Effectivement. Qui ne connaît pas Tyler Hamilton ? L'homme qui avait remporté, détaché, l'étape de Bayonne (Tour 2003) avec une clavicule cassée. L'intime de Lance Armstrong dans l'US Postal jusqu'en 2001 et qui fait tout comme son écrasant modèle, loger dans le même immeuble, par exemple.
Labrador
Mais Tyler Hamilton, fort comme un boeuf, ne s'est jamais remis de la mort de son labrador lors du Tour 2004. Et les Phonak ont déjà connu un été pourri : en août dernier, Camenzind avait été contrôlé positif à l'EPO quelques jours avant les JO d'Athènes. Hier soir, Tyler Hamilton a déclaré : «Je suis à 100 % innocent. Je me battrai jusqu'à ce que je n'aie plus 1 euro en poche». Hamilton a dû provisionner, car la bataille procédurale va faire rage.
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