Jean-Louis LE TOUZET
yler Hamilton, déclaré positif pour avoir eu recours à une transfusion sanguine homologue détectée sur la Vuelta (Libération d'hier), clame toujours son innocence en attendant le résultat de la contre-expertise qui s'est déroulée hier à Lausanne et qui devrait être connue aujourd'hui.
«Manipulation»
Qu'a donc opposé le 4e du Tour 2003 à ces faits : «Je ne vais pas risquer ma vie ni celle de ma femme avec une transfusion sanguine. Il doit y avoir une manipulation !» Les avocats d'Hamilton pourraient en effet adopter une telle ligne de défense. Hamilton se serait rendu lundi en Suisse pour effectuer un test ADN et prouver ainsi que le sang examiné n'est pas le sien. Selon Patrick Laure, chercheur en sciences du sport à l'université d'Orsay, «si le coureur arrivait à le démontrer, il se tirerait alors une balle dans le pied, puisque c'est justement ce qu'on lui reproche».
Son équipe, Phonak, l'a toutefois suspendu hier après-midi, alors que la veille elle avait convoqué une conférence de presse au cours de laquelle elle lui renouvelait sa confiance. Le patron de l'entreprise, Andy Rihs, a donc revu, hier, son jugement et ce n'est pas dans les habitudes des Suisses allemands de se comporter comme des girouettes.
Que dit Andy Rihs ? «Si Hamilton n'est pas en mesure de prouver son innocence, alors son contrat sera résilié avec effets immédiats.» La veille, le même Andy Rihs mettait pourtant en doute la méthode australienne : «Ces tests ne sont pas fiables, je vais mettre des avocats sur l'affaire.» Qu'est ce qui aurait pu fait changer d'avis un homme aussi prudent que Rihs ? Peut-être les informations parues dans la presse espagnole et relayées par les journaux suisses.
Ainsi donc Hamilton, tout comme dix-huit autres sportifs aux Jeux, aurait subi un contrôle identique à celui subi sur le Tour d'Espagne, mais le 19 août à Athènes, à l'issue de sa victoire dans l'épreuve olympique du contre-la-montre. Hamilton, doublement positif, serait alors dans une position intenable pour l'équipe Phonak. Surtout qu'elle avait déjà dû se séparer cet été du Suisse Oscar Camenzind, positif, lui, à l'EPO.
Contre-expertise
Arne Ljungqvist, qui dirige la commission médicale du CIO (Comité international olympique), aurait déclaré à l'agence Reuters que les résultats du contrôle antidopage d'Hamilton aux JO d'Athènes avaient été dans un premier temps considérés comme «suspects». Soumis à une deuxième analyse par «un panel d'experts», le contrôle n'était plus alors considéré comme suspect, mais «positif». Si tel était le cas, pourquoi cette information ne fut pas communiquée à Athènes ? Pourquoi avoir attendu un mois ? C'est bien la question que se posait, hier, Eusebio Unzue, de l'équipe Illes Balears-Banesto. Pour lui, «le résultat de l'examen A n'aurait pas dû être publié tant que le test B n'avait pas été effectué».
Au siège de l'Union cycliste internationale (UCI), on ne tenait pas hier soir à se prononcer sur cette affaire qui touche l'un des coureurs les plus en vue du peloton : «C'est un contrôle comme un autre, c'est tout. Et ce n'est pas de notre ressort d'annoncer le résultat de la contre-expertise : c'est à Phonak de le faire.»
Du côté du CIO, on a officiellement perdu sa langue. Qu'ose-t-on dire de cette affaire Hamilton à Lausanne ? «On attend pour se prononcer», répond-on. Mais attendre quoi ? Si le contrôle effectué sur Hamilton est positif, comme il semblerait que ce soit le cas, alors la médaille d'or de l'Américain passerait au cou du russe Ekimov.
Flou
Le CIO devrait pourtant se réjouir des progrès de la lutte antidopage qui marquent le mandat de Jacques Rogge. L'instance olympique est toujours restée dans le flou quant à la validation de ce test australien pour les Jeux olympiques d'Athènes : ne pas donner d'informations aux tricheurs. Ce qui serait amusant, c'est que ce test destiné à déceler les transfusions sanguines soit en effet si remarquable qu'une montagne de cas positifs s'empilerait sur le bureau de la commission médicale au point de lui boucher la vue. Et c'est pourquoi elle tarde à se prononcer ?
Pendant ce temps sur la Vuelta, Santi Perez, un coéquipier d'Hamilton, fait des étincelles (2e du général).
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