Par Dino Dimeo
L'Américain Tyler Hamilton est passé tout près de perdre sa médaille d'or remportée à Athènes en août lors du contre-la-montre. Hier, après deux jours d'un silence inquiétant, une communication officielle émanant du Comité international olympique est enfin venue rassurer tout le monde : l'échantillon de sang B prélevé à Athènes le 19 août et analysé le 22 septembre est inutilisable, «à cause du manque de globules rouges intacts», précise le communiqué du CIO.
Mises en garde
Le cycliste américain gardera donc sa belle médaille, faute de preuves tangibles, mais devrait être sanctionné de deux ans de suspension pour s'être fait pincer pour une transfusion homologue, c'est-à-dire pour avoir utilisé le sang d'un donneur compatible. Hamilton, ancien coéquipier de Lance Armstrong chez US Postal, avait déjà fait l'objet de plusieurs mises en garde après le tour de Romandie. Il figurait même sur une sorte de liste noire de l'Union cycliste internationale (UCI), suspecté, à plusieurs reprises, d'avoir des valeurs sanguines anormales.
L'athlète, le premier de l'Histoire à tomber pour ce genre de transfusion, était donc dans le collimateur. Son contrôle aux Jeux n'a pas fait un pli. Mais une manipulation malheureuse n'aura pas permis de confondre le champion olympique. C'est ce qu'a expliqué le président de la commission médicale du CIO, le Dr Arne Ljungqvist, qui, hier soir, a voulu remettre ce genre d'examen dans le contexte: «Le nombre de prélèvements a augmenté de 60 % pendant les Jeux. Face à un tel arrivage, le laboratoire a suivi la routine, c'est-à-dire qu'il l'a mis au congélateur. Or avec ce genre prélèvement cela n'aurait pas dû être fait.» Dommage que les informations et le mode d'emploi d'un test aussi révolutionnaire n'aient pas été diffusés comme il se doit.
Oubli ou malveillance ? En tout cas, à Athènes, 18 athlètes auraient été démasqués grâce à cette nouvelle méthode. Mais, comme pour Hamilton, l'analyse de l'échantillon B ne donnera rien. «Les procédures disciplinaires ont dû être stoppées», précise le communiqué du CIO.
Retraite anticipée
En revanche, l'Américain a eu moins de chance lors du Tour d'Espagne. Les deux échantillons cette fois sont bien positifs. C'est ce qui a été confirmé, hier, par l'équipe Phonak. Le coureur, âgé de 33 ans, déjà suspendu par son équipe à titre provisoire, devrait logiquement écoper de deux ans d'interdiction, ce qui sonnerait du même coup l'heure d'une retraite anticipée. Mais Hamilton est procédurier. Quant à son équipe, elle va, elle aussi, tout mettre en oeuvre pour innocenter son coureur, jusqu'à nommer des scientifiques pour vérifier la validité des méthodes utilisées.
Le test australien, adopté depuis sa publication dans la revue scientifique Hematologia en novembre 2003, est tout nouveau. Selon Michel Audran, spécialiste en hématologie et professeur à la faculté de pharmacie de Montpellier, il n'a pas de problème de fiabilité. «Par contre, il est délicat à mener. On est à la merci des échantillons biologiques», précise le spécialiste, qui ajoute que les échantillons doivent être conservés à 4 °C et non congelés. «Lorsqu'il y a congélation, l'enveloppe de la cellule éclate et elle devient inutilisable.» C'est exactement ce qui s'est passé. Espérons qu'à partir d'aujourd'hui, la bourde sera évitée. En tout cas, les athlètes sont prévenus.
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