PARIS (Reuters) - La confirmation, après contre-expertise, de la présence d'EPO dans les urines du grimpeur espagnol Roberto Heras, quadruple vainqueur de la Vuelta, est un nouveau coup porté au dopage cette année.
Heras, âgé de 31 ans, a été contrôlé positif à l'EPO cette année lors de l'avant-dernière étape de la Vuelta, un contre-la-montre individuel de 39 km.
Le coureur avait proclamé son innocence après l'annonce du résultat positif du premier échantillon de son contrôle mais a été suspendu par son équipe, Liberty Seguros.
Outre le coureur lui-même qui risque deux ans de suspension et une fin de carrière prématurée, Liberty Seguros tremble. Depuis son arrivée dans le peloton il y a deux ans, la compagnie d'assurance appartenant à un groupe américain n'a jamais caché que toute dérive grave à l'éthique, tout fait de dopage avéré, auraient pour conséquence son départ immédiat.
Ancien équipier de Lance Armstrong au sein de l'US Postal, Heras est considéré comme l'un des meilleurs grimpeurs au monde.
Il a remporté le Tour d'Espagne en 2000 puis trois fois d'affilée depuis 2003.
Durant le printemps, le manager de l'équipe, Manolo Saiz, avait réussi à faire croire à ses patrons que les suspicions touchant les coureurs Nuno Ribeiro et Isidro Nozal relevaient de cas isolés et avait fait sauter un fusible, le médecin de l'équipe.
Cette fois, avec un cas de dopage avéré, il se dit que la firme américaine pourrait régler les contrats en cours et se retirer du cyclisme immédiatement. Une autre voix, en Espagne, prétend que l'encadrement de l'équipe serait changé, Manolo Saiz évincé mais que Liberty Seguros continuerait de sponsoriser une équipe cycliste.
Méthodes douteuses
Homme de clans, longtemps protégé par la classe politique espagnole, Manolo Saiz a sans doute un plan de sortie de crise mais son image est gravement entachée. Créateur de l'équipe Once en 1990, cet autodidacte, ancien professeur de sports, avait fini par faire oublier qu'il n'a jamais été coureur.
Très proche de ses hommes, inlassable travailleur, il a eu sous ses ordres des champions tels que Laurent Jalabert, Alex Zülle, Abraham Olano ou Joseba Beloki. Il n'est toutefois jamais parvenu à gagner le Tour de France.
Dans les années 90, il avait été l'instigateur de méthodes de préparation révolutionnaires et douteuses. Il soustrayait ses coureurs à la compétition durant le printemps, pendant des périodes de cinq à six semaines, mais ils revenaient plus forts encore. Toutefois, avant Roberto Heras, jamais un de ses coureurs n'avait été contrôlé positif à l'EPO.
Seul Igor Gonzalez de Galdeano avait été suspendu de courses en France en 2003, ayant été convaincu de dopage pendant le Tour de France 2002 dont il avait été le leader pendant une semaine.
Homme à poigne, Manolo Saiz s'était également fait la réputation d'un redoutable manoeuvrier. Il avait exhorté les équipes espagnoles à quitter le Tour de France en 1998, déclarant alors la guerre à Jean-Marie Leblanc. Il était devenu, dans la foulée, le très influent président de l'Association des Groupes Sportifs, l'instigateur de l'UCI Pro Tour qui a vu le jour cette année.
À n'en pas douter, le dopage de Roberto Heras est un sale coup porté au Pro Tour. Le président Hein Verbruggen était certain, en mars dernier, que sa réforme permettrait de mieux lutter contre le dopage: "le code éthique signé par toutes les équipes est dissuasif, disait-il alors, et je suis certain que les équipes sauront se contrôler elles-mêmes !"
De fait, l'année 2005 restera une année noire pour le dopage, de nombreux coureurs ayant été confondus ces derniers mois, sans oublier les révélations faites en août dernier sur Lance Armstrong.
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