Frédéric Waringuez
La véritable "affaire Roberto Heras" ne fait sans doute que commencer. Dans l'attente du résultat de la contre-expertise sur l'échantillon B, après avoir été contrôlé positif à l'EPO à l'issue de l'avant-dernière étape de la Vuelta, le coureur espagnol s'est vu signifier qu'il devrait patienter 48 heures de plus. "Le processus n'est pas terminé, c'est long et compliqué", explique-t-on au laboratoire de Madrid pour justifier ce retard qui plonge les observateurs dans la perplexité...
Comment interpréter ce délai supplémentaire que le laboratoire du Conseil supérieur des sports espagnol a décidé de s'accorder ? Le quotidien espagnol Marca parle d'un vice de forme. Francisco Rodriguez, le directeur du laboratoire, désireux de couper court à toutes spéculations, indique que ce retard s'explique "simplement parce qu'il a fallu faire plus de mesures". Mais plus de mesures pour quoi ? Pour trouver des traces d'EPO qui se refuseraient à apparaître, infirmant ainsi le premier contrôle positif réalisé lors de l'avant-dernière étape du Tour d'Espagne ?
Roberto Heras, pour sa part, a toutes les raisons de croire à cette version des faits et à clamer plus fort que jamais son innocence. Le coureur de Liberty Seguros, s'est ainsi empressé de convoquer la presse pour mettre en doute la validité de la méthode de détection de l'EPO utilisée. "J'attendais un résultat négatif de cette expertise mais ce qui arrive ne prouve rien. J'ai la conscience tranquille, je ne me suis jamais dopé de ma vie. Je n'ai jamais pris d'EPO ni quoi que ce soit d'autre", a-t-il déclaré ajoutant qu'il avait dit dès le premier jour que son contrôle positif était dû à une erreur du laboratoire. "Les résultats de l'analyse ne peuvent être lus. Les traces d'EPO n'ont pu être mises en évidence, ce qui prouve que la méthode n'offre aucune garantie. Le directeur du laboratoire a décidé de refaire les analyses et, en principe, les résultats devraient être connus vendredi. Mais quelles garanties avons-nous ?", a naturellement renchéri José Maria Buxeda, l'avocat du coureur qui va demander la nullité de la procédure pour irrégularité dans la contre-expertise.
Une bonne nouvelle pour Armstrong...
S'il s'avère en effet que l'échantillon B ne confirme pas la première analyse, c'est une bonne nouvelle pour le coureur qui serait blanchi alors qu'il risquait une suspension de deux ans et la fin de sa carrière. Et les naïfs considèreront que c'est une bonne nouvelle pour le cyclisme, le Tour d'Espagne n'ayant pas été remporté par un dopé... Certes. En revanche, pour la lutte contre le dopage, pour ceux qui réclament plus de contrôles et plus de sévérité, ce serait catastrophique, désastreux, destructeur. C'est en effet toute la crédibilité de la méthode de détection de l'EPO, que l'Agence mondiale antidopage, estime fiable à 100%, qui se trouverait sujette à caution.
Après les cas isolés de Fabrizio Guidi, de Juan Llaneras ou encore du fondeur français Vincent Vittoz, montrés du doigt puis innocentés par la contre-expertise, ce serait cette fois un coureur de premier plan qui se verrait blanchi. Et dès lors, une porte ouverte pour tous ceux qui sont soupçonnés et qui font l'objet de sérieux doutes quant à leur probité. Comment un Lance Armstrong, accusé sur la base d'un contrôle rétroactif sans contre-expertise possible, pourrait-il se priver d'exploiter la cas Heras pour sa propre cause ? Si la méthode de détection de l'EPO n'est pas aussi fiable qu'on veut bien nous le dire et que le doute est possible, on peut être certain que les tricheurs sauront en faire un argument en leur faveur... Et le cyclisme, se retrouverait dans de sales draps...
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