Stéphane Mandard
écanicien, entraîneur, confident, intendant, traducteur, jardinier... entre 2002 et 2004, Mike Anderson a été l'homme à tout faire de Lance Armstrong. Pendant deux ans, il a assisté le sextuple vainqueur du Tour de France dans sa préparation, réglé ses vélos, ou encore entretenu ses deux résidences à Austin, au Texas, et à Gérone, en Espagne. Au point que Kristin Armstrong, l'ex-femme du Texan, avait pris l'habitude de l'appeler "H2" pour "husband number 2","mari numéro 2".
Aujourd'hui, les deux hommes s'affrontent par tribunal interposé. Lance Armstrong et la société qui gère ses intérêts, Luke David LLC, ont déposé une plainte contre Mike Anderson devant un tribunal d'Austin, le 14 décembre 2004 : ils l'accusent d'avoir réclamé "500 000 dollars -385 000 euros- en cash" après que le coureur a décidé, le 16 novembre, de se priver de ses services. Le 6 janvier, Mike Anderson, qui nie avoir jamais exigé une telle somme, a déposé une plainte, à son tour, contre Lance Armstrong et Luke David LLC devant le même tribunal pour "fraude, rupture de contrat, diffamation et provocation intentionnelle de graves angoisses mentales".
"Bart Knaggs, l'agent d'Armstrong, n'a fourni aucune critique sur le travail d'Anderson quand il lui a spécifié la fin immédiate de son contrat", explique Hal K. Gillespie, le conseil de Mike Anderson. Pour l'avocat de Lance Armstrong, Timothy J. Herman, son client n'avait aucune justification à fournir, car "aucun contrat" ne liait les deux hommes.
Mike Anderson estime que la décision du Texan de se priver de ses services trouve son origine dans un événement survenu en février 2004. "Durant l'hiver 2004, juste avant que Lance Armstrong et Sheryl Crow (sa compagne actuelle) n'arrivent, pendant qu'il nettoyait la salle de bains de l'appartement à Gérone, en Espagne, Mike Anderson a découvert quelque chose qui l'a conduit à croire qu'Armstrong s'était engagé dans une mauvaise voie", relate la plainte. Mike Anderson affirme que cette "découverte" a totalement altéré l'attitude du coureur à son égard.
Lance Armstrong, interrogé par Le Monde, a déclaré qu'il ne s'agissait "pas de preuves, juste de rumeurs". "Nous sommes encore à une étape préliminaire, prévient Hal K. Gillespie. Si le litige n'est pas réglé dans un futur proche, mon client délivrera des informations plus spécifiques et plus détaillées devant le tribunal d'Austin."
Si le coureur américain évoque de simples "rumeurs", il paraît s'être employé à les combattre. Dans un courrier du 30 novembre 2004, soit deux semaines après la rupture avec Mike Anderson, Bart Knaggs, alors président de l'équipe US Postal, lui a proposé de lui verser son salaire jusqu'en février 2005 s'il s'engageait à ne révéler aucune information concernant le cycliste et son entourage. "Par les services que vous avez rendus, vous avez eu accès à des informations confidentielles et privées liées à Luke David LLC, Lance Armstrong et à des membres de l'équipe cycliste professionnelle US Postal. (...) Vous maintiendrez toutes ces informations strictement confidentielles et ne les utiliserez ni ne les révélerez de manière directe ou indirecte. Si vous violez ce paragraphe, vous devrez payé à Luke David LLC et Lance Armstrong, chacun, 500 000 dollars de dommages", indique le document présenté par Bart Knaggs à Mike Anderson.
Selon Hal K. Gillespie, Lance Armstrong aurait appelé le soir même son ancien assistant pour le persuader de signer la "lettre-accord". Ne parvenant pas à obtenir sa signature, l'Américain aurait ensuite menacé sa femme de ne pas les aider à ouvrir leur boutique de cycles, comme le couple Anderson affirme qu'il s'y était engagé par courrier électronique, en 2002, en demandant à Mike Anderson de venir travailler pour lui.
Le 7 décembre, Bill Stapleton, l'agent historique de Lance Armstrong, aurait appelé l'avocat de Mike Anderson pour le mettre en garde contre le début d'une "troisième guerre mondiale" si son client refusait toujours de signer l'accord. Une semaine plus tard, le Texan assignait son ancien homme de confiance en justice, lequel ripostait un mois après.
Lors de l'audience préliminaire du 10 mars, un juge d'Austin a accédé à la requête de Timothy J. Herman de tenir à l'abri de la connaissance du public certains documents délivrés dans le cadre de la procédure. "Le nom et l'image de M. Armstrong pourrait être négativement affectés par la dissémination des documents demandés", estime l'avocat.
"Il n'y a pas de raison que Lance Armstrong ait des droits différents des autres justiciables en matière de protection de la vie privée", conteste Hal K. Gillespie. L'avocat, qui s'attend à un procès en "décembre 2005 ou janvier 2006", a demandé au juge de reconsidérer sa décision. Et de menacer à son tour : "Nous énoncerons lors des plaidoiries ce que Mike Anderson a découvert dans la salle de bains."
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