6 avril 2005

De nouvelles accusations à l'encontre de Lance Armstrong

Le sextuple vainqueur du Tour de France s'est-il soustrait à un contrôle antidopage inopiné mené à son domicile texan après sa 6e victoire dans la Grande Boucle, en juillet 2004 ? C'est ce qu'affirme son ancien assistant personnel, Mike Anderson, dans le complément de plainte qu'il a adressé, jeudi 31 mars, à un tribunal d'Austin, au Texas.

Stéphane Mandard

Dans la plainte, dont Le Monde s'est procuré une copie, celui qui fut l'homme à tout faire du coureur deux ans durant affirme que son ancien employeur a échappé volontairement à un contrôle diligenté à son ranch de Dripping Springs, après sa victoire dans le Tour 2004, par des inspecteurs de l'Agence mondiale antidopage (AMA) ou de l'Agence américaine antidopage (Usada).

À l'AMA, on ne se souvient pas que des agents soient intervenus. "No comment", a réagi l'Usada. Derek Russey et John Korioth, deux proches de Lance Armstrong mis en cause dans la plainte pour avoir aidé le coureur à se soustraire aux contrôleurs, nient avoir participé à une telle opération. Mike Anderson explique que les deux hommes lui ont demandé de vérifier si les inspecteurs étaient bien repartis de la résidence d'Armstrong après avoir trouvé porte close. Ce qu'il affirme avoir fait et constaté.

Accord de confidentialité
Cette accusation s'ajoute à celle de l'utilisation de produits dopants par le sextuple vainqueur du Tour de France. Le "mari numéro 2", comme le surnommait Kristin Armstrong, l'ex-femme du coureur, affirme avoir découvert, en février 2004, dans la salle de bains du domicile espagnol du Texan (Le Monde), une boîte d'"androstenin ou quelque chose de très proche". Stéroïde anabolisant rendu célèbre par le joueur de base-ball américain Mark McGwire, l'androstenin est un précurseur de la testostérone. Dans le cadre de l'affaire Cofidis, la brigade des stupéfiants a retrouvé ce type de produit sous forme de méthandiénone dans les analyses capillaires de Philippe Gaumont et d'Androtardyl au domicile de Robert Sassone, tous deux mis en examen.

Dans sa plainte déposée le 31 mars, Mike Anderson évoque aussi un courrier électronique du 28 juin 2004, annexé en copie de la plainte, dans lequel le cycliste explique à son assistant : "Les tests sont bons (même Schumi est impressionné) et nous sommes prêts pour le 6e !" Selon Mike Anderson, "Schumi" ­ diminutif du pilote de Ferrari, Michael Schumacher ­ désigne le docteur Michele Ferrari. Il explique que lors d'un camp d'entraînement de l'US Postal organisé à Austin, en décembre 2003, le Texan lui avait demandé de tenir le "dottore" éloigné de l'hôtel de l'équipe "à cause des médias". Le médecin italien a été condamné en octobre 2004, par le tribunal de Bologne, à un an de prison avec sursis, pour fraude sportive et exercice abusif de la profession de pharmacien.

L'avocat de Mike Anderson, Hal K. Gillespie, estime que Lance Armstrong s'est séparé de son assistant en novembre 2004, puis a essayé de lui faire signer un accord de confidentialité avant, enfin, de le poursuivre en justice, en décembre, parce que son client n'avait "pas soutenu et approuvé l'utilisation illégale par Lance Armstrong de substances interdites".

La réaction du clan Armstrong ne s'est pas fait attendre. Son conseil, Timothy J. Herman, a demandé au tribunal d'Austin de prendre des sanctions ("au moins 125 000 dollars") à l'encontre de Mike Anderson et de ses défenseurs, accusés d'avoir "placé le système de justice civile en dessous du niveau de la presse tabloïd". L'avocat accuse Mike Anderson de vouloir "extraire de l'argent" à son client "sous la menace de fausses accusations publiques répétées".

Dans un document de 32 pages versé au tribunal texan, Timothy J. Herman conteste point par point les accusations portées par Mike Anderson. Outre les dépositions sous serment de Derek Russey, qui déclare ne pas savoir ce qu'est l'AMA ou l'Usada, et de John Korioth, qui affirme que l'ancien assistant a réclamé 500 000 dollars à Armstrong pour lui et son avocat à la fin de leur collaboration, Timothy J. Herman produit celle de Rebecca Dunlap : celle qui se présente comme la nourrice attitrée de la famille Armstrong depuis plusieurs années affirme notamment que Mike Anderson lui aurait assuré à plusieurs reprises que Lance Armstrong n'était tout simplement pas capable de prendre des substances dopantes en raison de son caractère.


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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