PARIS (AP) - Moins d'un mois après l'annonce de sa retraite sportive, le septuple vainqueur du Tour de France Lance Armstrong se retrouve plongé dans une affaire de dopage présumé dont il aura du mal à sortir indemne.
Le détenteur du record de victoires sur la Grande Boucle, jeune retraité de 33 ans, voulait couler des jours heureux après son ultime triomphe sur les Champs-Elysées le 24 juillet dernier. Les révélations, mardi, du journal "L'Equipe" ont porté un coup fatal à son image.
Au terme d'une longue enquête, le quotidien sportif affirme que des traces d'EPO ont été retrouvées à six reprises dans des échantillons d'urine du Texan prélevés lors de son premier Tour victorieux en 1999.
Sous le titre "Le mensonge Armstrong", le journal a précisé s'être procuré les résultats d'analyses scientifiques rétrospectives du Laboratoire national antidopage de Châtenay-Malabry (LNDD), qu'il a recoupés avec les procès-verbaux de contrôle d'Armstrong l'année de sa première victoire dans le Tour.
"Selon nos sources, plusieurs échantillons urinaires prélevés sur sa personne lors de la Grande Boucle 1999 présentent des traces caractéristiques, indiscutables et conséquentes d'érythropoïétine recombinante (EPO)", souligne le quotidien.
Armstrong, qui a toujours nié s'être dopé, n'a pas répondu aux messages laissés sur son téléphone portable par l'Associated Press. Mais le Texan a réagi dans un communiqué publié sur le site internet de son fan club en déplorant que "malheureusement la chasse aux sorcières continue", et en qualifiant cette enquête de "journalisme de tabloïd".
"Le journal lui-même admet dans son propre article que la science en question est défectueuse et que je n'ai aucun moyen de me défendre. Ils (les journalistes de 'L'Equipe') disent: 'Il n'y aura donc point de contre-expertise ni de poursuites réglementaires stricto sensu, puisque les droits de la défense ne pourront être sérieusement respectés'".
"Je redis simplement ce que j'ai dit à maintes reprises : je n'ai jamais pris aucun produit dopant", conclut Armstrong.
Pour mener à bien son enquête, "L'Equipe" a travaillé sur les 12 échantillons contenant des traces d'EPO recensés dans le tableau de synthèse du LNDD. Pour établir le lien entre les traces d'EPO et Armstrong, le journal a comparé les numéros des échantillons urinaires analysés avec ceux inscrits sur les procès-verbaux de contrôle du septuple vainqueur de la Grande Boucle.
"Ces résultats scientifiques vont avoir pour unique mais désastreuse conséquence d'avérer ses mensonges relatifs au fait qu'il n'aurait jamais utilisé de produit interdit significatif", ajoute le journal.
"Ils ne manqueront pas également de jeter le doute sur sa probité et l'authenticité de ses six victoires suivantes sur la Grande Boucle, car, pour la toute première fois, la preuve directe de sa consommation de produit dopant en 1999 est révélée publiquement."
Pourtant, les traces d'EPO découvertes dans les échantillons ne devraient pas permettre de sanctionner l'Américain. Les analyses rétroactives effectuées par le LNDD ont en effet été effectuées sur le seul échantillon "B" des prélèvements de 1999, le "A" ayant été destiné en totalité aux analyses conventionnelles en temps réel, précise le journal. Mardi, le laboratoire de Châtenay-Malabry a d'ailleurs souligné qu'il avait accepté de transmettre toutes les informations anonymes dont il disposait à l'Agence mondiale antidopage "sous réserve d'exclure leur utilisation dans une procédure disciplinaire".
Interrogé sur l'affaire, le directeur du Tour de France Jean-Marie Leblanc s'est déclaré "très choqué", évoquant "une affaire grave pour le Tour de France".
Il a également indiqué qu'"hélas", le cycliste américain ne devrait pas être sanctionné à la lumière de ces informations. "Il ne peut pas y avoir, si j'ai bien compris, de sanctions disciplinaires puisque le travail effectué par les scientifiques l'a été à partir de ce qu'on appelle l'échantillon 'B' du prélèvement d'urine de Lance Armstrong, l'échantillon 'A' ayant servi il y a six ans à la première analyse", a-t-il expliqué. "Première analyse qui n'avait rien démontré". En 1999, le test EPO urinaire n'existait pas.
Le ministre des sports Jean-François Lamour a estimé de son côté que ces informations n'étaient pas une menace pour le palmarès du coureur. En effet, il n'est pas possible de réaliser une contre-expertise ni d'établir juridiquement la certitude que les échantillons analysés sont bien ceux d'Armstrong, a-t-il expliqué.
page mise en archives par SVP
Consultez
notre ENCYCLOPÉDIE sportive