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24 août 2005

De l'EPO dans la roue de Lance Armstrong

Le quotidien sportif «l'Equipe» a révélé mardi la détection du dopant phare des années 90 dans des échantillons d'urine du champion datant du Tour de France 1999. C'était la première de ses sept victoires dans la grande boucle.

Gilles Dhers

Longtemps, depuis son retour victorieux après sa maladie dans le Tour, en 1999, Lance Armstrong a semblé adresser un énorme «je vous emmerde» au milieu du cyclisme. Parce qu'il était un Américain dans un sport traditionnellement européen. Parce qu'à ce titre, il incarnait le modernisme et l'hyperprofessionnalisme dans un monde au fonctionnement parfois encore un peu féodal. Parce qu'il se souciait de sa réputation comme de son premier tricycle. Parce qu'il restera comme le premier homme a avoir remporté sept fois l'épreuve majuscule de son sport, mieux qu'Anquetil, Merckx, Hinault ou Indurain, des hommes correspondant mieux, chacun dans son genre, aux mythes fondateurs du cyclisme.

Parce qu'il «allait» rester, doit-on dire aujourd'hui. Car dans son édition d'aujourd'hui, «L'Equipe» révèle que l'examen récent de six échantillons de son urine prélevés sur le Tour 1999 –baptisé par les organisateurs «Tour du renouveau» après le cataclysme de l'affaire Festina, l'année précédente–, prouve que l'Américain avait pris de l'EPO, la drogue phare du peloton dans les années 1990, à l'époque indétectable (1).

Même si l'examen des échantillons s'est déroulé cinq ans après leur prélèvement, «il n'y a aucun doute sur la validité du résultat», a assuré à l'AFP le professeur Jacques de Ceaurriz, patron du laboratoire national de dépistage du dopage (LNDD) qui a réalisé l'examen, précurseur en matière de recherche urinaire de l'EPO. «Dans un tel échantillon, soit l'EPO se dégrade, et devient indétectable, soit la protéine reste en l'état», précise Jacques de Ceaurriz, qui explique que ces tests ont été effectués «dans le cadre de recherches scientifiques» qui n'avaient pas pour but de confondre tel ou tel coureur et dont les résultats ont été transmis au ministère des Sports et à l'Agence mondiale antidopage. Le labo a travaillé sur des échantillons anonymes numérotés. «L'Equipe» a recoupé ces numéros avec ceux figurant sur les procès-verbaux des prélèvements qu'elle a réussi à se procurer.

Et bingo ! Les numéros figurant sur le listing du laboratoire correspondent à ceux des PV: en 1999, si l'EPO avait été détectable, Armstrong aurait été contrôlé positif dès le 3 juillet, jour du prologue, qu'il avait remporté. Puis le lendemain. Puis les 13, 14, 16 et 18 juillet. Comme si l'Américain avait fait trois cures de ce produit qui augmente l'oxygénation du sang, donc la résistance, avant le départ du Tour, avant les Alpes et pour passer les Pyrénées.

« Je répète simplement ce que j'ai dit à de nombreuses reprises : je n'ai jamais pris de produits dopants », se défend le septuple vainqueur du Tour, sur son site Internet lancearmstrong.com.

Que risque-t-il ? Sans doute pas grand-chose. Lance Armstrong est retraité depuis l'arrivée du tour 2005, et le caractère purement expérimental des travaux effectués par le LNDD, et l'impossibilité de contre-expertise, interdisent a priori à la justice sportive de le sanctionner sur la base de ces analyses. Officiellement, Armstrong n'a jamais été contrôlé positif à l'EPO.

Les performances de l'Américain, que la médecine avait un temps condamné, ont toujours nourri les soupçons, plus ou moins étayés par des témoignages d'ex-membres de son entourage et par plusieurs affaires ou débuts d'affaires Armstrong jamais abouties. « Je ne prend pas et n'ai jamais pris de drogues favorisant la performance », a toujours seriné l'Américain qui n'a paradoxalement jamais caché ses relations avec Michele Ferrari, le sulfureux docteur italien soupçonné d'avoir introduit l'EPO dans le sport. Pas vu pas pris ! Dans le cas contraire, le cyclisme s'en serait-il relevé ?

Armstrong a gagné TOUS les Tours de France depuis l'affaire Festina. Un contrôle positif de la figure la plus emblématique du peloton pendant ses années de règne aurait porté un sérieux coup aux discours sur les progrès de la lutte antidopage ou sur les qualités morales retrouvées du peloton après les excès des années EPO. Aujourd'hui, l'homme qui pédalait le week-end dernier aux côtés de George Bush est rangé des vélos. Les révélations de «l'Equipe» (propriété du groupe Amaury, organisateur du Tour de France) apparaissent comme un solde de tout compte des années Armstrong.

(1) Elle le deviendra un an plus tard dans les urines grâce à une méthode mise au point par le laboratoire de Châtenay-Malabry.


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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