Le Texan accuse le ministre d'avoir «violé les règles de l'éthique».
Alain Leauthier et Pascal Riche
« Ce truc pue. » Invité jeudi soir de la célèbre émission «Larry King Live» sur la chaîne américaine CNN, Lance Armstrong a jugé «grotesques» et «choquantes» les accusations portées contre lui en France, n'hésitant pas à ridiculiser le laboratoire de Châtenay-Malabry qui a détecté des traces d'EPO dans six échantillons d'urine, prélevés en 1999, avant sa première victoire. « Un gus dans un laboratoire parisien ouvre vos échantillons, un Jean-François machin-chouette (1), et il les teste, personne n'est là pour observer, aucun protocole n'a été suivi, puis vous recevez un appel d'un journal qui vous dit : "on a trouvé que vous avez été positif à six reprises pour EPO." Bon, depuis quand les journaux dirigent-ils le sport ?» En ces temps de french bashing (campagne antifrançaise) persistant, le cycliste texan se dit victime de l'aggravation des tensions franco-américaines et du fait que « les Français n'aiment pas ceux qui gagnent ».
Bassesses
Côté médias, si le Boston Globe a donné du crédit à l'affaire, la plupart des journaux américains restent extrêmement prudents. C'est la parole d'Armstrong contre la parole d'accusateurs français, et, comme l'écrit Michael Wilbon, le chroniqueur sportif du Washington Post, « il est clair que la grande majorité des Américains ont envie de croire Armstrong ». Les Français sont, entre autres bassesses, soupçonnés de mal supporter l'idée de voir un Américain remporter «leur» Tour à sept reprises. En position de force, Armstrong n'a donc pas hésité à mettre en cause l'Agence mondiale antidopage (AMA) et le ministre des Sports français qui ont « gravement violé les règles de l'éthique », selon lui.
Joint par Libération, Jean François Lamour, tout en refusant une polémique directe avec le cycliste, s'étonne qu'il « remette en cause un processus qui découle pourtant d'un protocole avec l'AMA ». Le ministre des Sports rappelle un des aspects de la mission du laboratoire de Châtenay-Malabry : « la recherche des produits dopants dans les urines, devenue de plus en plus efficace grâce aux progrès considérables accomplis par ce laboratoire dans la détection de l'EPO. Ce travail relève d'une logique scientifique et non de contrôle antidopage, et il doit en être ainsi ». Malgré les insinuations d'Armstrong, Jean-François Lamour se montre catégorique : « Les données analysées (les échantillons B) étaient évidemment parfaitement anonymes. »
Fuites
Son entourage écarte toute implication du ministère dans les fuites ayant permis à l'Equipe de confondre le Texan : les procès-verbaux de contrôle du cycliste qui correspondent aux numéros d'échantillons positifs à l'EPO ont été détruits, assurent-ils, comme tous ceux envoyés au ministère avant 2001. Au-delà du cas Armstrong, Lamour considère toujours comme essentielle l'accentuation des contrôles inopinés et de la lutte contre le trafic des produits dopants.
(1) En version originale : « you know, Jean-François so and so », notation à gros relent xénophobe.
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