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24 août 2005

L'impunité de Lance Armstrong en question

Les révélations du quotidien sportif L'Equipe, mardi 23 août, sur l'utilisation d'érythropoïétine (EPO) par le septuple vainqueur américain du Tour de France, Lance Armstrong, ne concernent que sa première victoire, en 1999. Pourquoi si tard ? L'Américain peut-il être sanctionné ? Depuis, le cyclisme a-t-il changé ? Eléments de réponse.

Pourquoi les tests portent-ils sur les échantillons de 1999 ?
Au départ, il ne s'agissait que d'affiner une méthode de recherche de l'érythropoïétine (EPO) dans les urines. Pour ce travail de recherche, le laboratoire de Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine) a décidé d'analyser tous les échantillons "B" des tests antidopage effectués à l'occasion du Tour de France 1999. Ce choix a été dicté par plusieurs raisons : les échantillons de 1998 avaient déjà été utilisés, et ceux de 2000 sont toujours sous scellés, en raison d'une enquête judiciaire sur une affaire de dopage, concernant l'équipe US Postal de Lance Armstrong. Quant aux échantillons des années suivantes, ils présentent peu d'intérêt : les tests de recherche de l'EPO dans les urines ayant été utilisés sur le Tour à partir de 2001, les coureurs disposaient déjà des moyens de ne pas se faire prendre.

Les tests réalisés, comme tous ceux effectués par les laboratoires antidopage, sont anonymes. C'est le journal L'Equipe, en faisant le rapprochement avec les procès-verbaux rédigés à l'occasion des contrôles, en 1999, qui a abouti à la conclusion que Lance Armstrong a utilisé de l'EPO.

Durant ce Tour victorieux, Lance Armstrong avait porté quinze jours le maillot jaune et avait remporté quatre étapes. Il a donc été logiquement le plus contrôlé des coureurs de l'épreuve.

Pourquoi l'affaire n'est-elle publiée que maintenant ?
Pour expliquer la publication des informations près d'un mois après la fin du Tour de France, synonyme de retraite pour Lance Armstrong, Michel Dalloni, directeur de la rédaction de L'Equipe, revient sur la chronologie de l'enquête menée par le journal. "Damien Ressiot, l'un de nos journalistes, a eu vent il y a quelques mois du fait que le Laboratoire national de dépistage du dopage [LNDD] effectuait depuis la fin de 2004 des analyses sur des échantillons d'urine prélevés en 1999, qui donnaient lieu à des résultats étonnants, avec la découverte d'EPO". Le journaliste s'est alors attaché à se procurer les résultats des examens des échantillons anonymes, ainsi que les procès-verbaux rédigés lors des prélèvements en 1999.

"Obtenir ces documents et procéder à toutes les vérifications et les recoupements nécessaires a pris du temps, et n'a pu être complètement verrouillé que ces jours-ci", assure M. Dalloni.

Il ajoute que l'appartenance du quotidien sportif au groupe Amaury, dont une autre filiale, Amaury Sport Organisation (ASO), gère le Tour de France, n'a eu aucune influence sur la date de publication de cette enquête. "L'Equipe et ASO sont deux entreprises différentes, et le journal n'organise pas le Tour."

Que risque Lance Armstrong ?
Les tests réalisés par le LNDD sont fiables et ne laissent "aucun doute sur la validité du résultat", affirme le directeur du laboratoire, Jacques de Ceaurriz. Mais ce ne sont pas des contrôles antidopage officiels, qui permettent une contre-expertise. Une sanction paraît donc difficile à envisager.

Seule l'Union cycliste internationale (UCI) pourrait éventuellement en décider. "Dans ce cas seulement, en tant qu'organisateurs de l'épreuve, nous pourrions nous associer au pouvoir sportif, je ne sais pas encore sous quelle forme, a expliqué Jean-Marie Leblanc, directeur du Tour de France. En réclamant, par exemple, un déclassement."

Les révélations de L'Equipe ne seront cependant pas sans effet : elles devraient en particulier apporter un peu d'eau au moulin de la compagnie d'assurance texane SCA Promotions, avec laquelle le coureur est en conflit à propos d'une somme de 5 millions de dollars, que l'assureur refuse de lui verser pour sa victoire dans le Tour 2004. "Pour mes clients, c'est une preuve matérielle et plus seulement des suspicions, explique Me Thibault de Montbrial, qui défend les intérêts de la société en France. Lorsqu'il a signé le contrat en 2001 avec SCA Promotions, il leur a caché un élément essentiel : qu'il s'était dopée en 1999, poursuit l'avocat. Il n'a pas respecté la bonne foi contractuelle." Un procès est prévu fin 2006 au Texas.

Les contrôles antidopage sont-ils aujourd'hui fiables ?
Non reconnue lors du Tour 1999, mais validée par l'UCI le 1er avril 2001, la méthode mise au point par le laboratoire de Châtenay-Malabry est "extrêmement fiable, dans une fenêtre de détection comprise entre 48 et 72 heures après l'injection, alors que les effets se font sentir pendant deux à trois semaines", explique Michel Rieu, professeur des universités et conseiller scientifique du Conseil de prévention et de lutte contre le dopage (CPLD). "Le problème, ajoute-t-il, c'est que la méthodologie des sportifs pour contourner les contrôles s'est adaptée à cette nouvelle donne : en fonction des compétitions disputées, ils prennent pendant une courte période des doses élevées, puis un peu plus tard des "microdoses" difficilement décelables."

Lors du Tour 2005, 164 contrôles avaient été effectués, pour un seul cas litigieux, d'ailleurs classé sans suite par la commission antidopage de l'UCI. Pour Michel Rieu, la solution pour piéger les "tricheurs" serait de "multiplier les contrôles inopinés aux moments opportuns, c'est-à-dire à des moments où l'on sait que la cure d'EPO va être efficace pour la compétition à venir".


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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