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24 août 2005

L'omerta règne

Jean-Marcel Bouguereau,
rédacteur en chef au Nouvel Observateur

Dans cette société de l’image où l’on nous a chanté sur tous les tons le conte de fée sucré de Lance Armstrong et son image édifiante d’ancien cancéreux devenu à sept reprises vainqueur du Tour de France, l’idole vient de se briser, même si le l’homme, logiquement, persiste à nier. De toutes manières, il n’y aura ni poursuite ni déclassement, même si les preuves de sa consommation d’EPO en 1999 sont « confondantes », selon L’Equipe qui les a révélées. Mais lorsque le quotidien sportif conclut ses révélations en espérant que l’on va assurer « le spectacle » et « gagner sans tricher », il pèche par une naïveté qu’on ne lui connaissait pas. Comment pouvait-on croire qu’Armstrong escaladait le col de l’Alpe d’Huez à 25 km/h? Alors qu’en 1903 Maurice Garin réalisait la moyenne de 25,68 Km/heure, Lance Armstrong réalisait en 2004 la moyenne horaire de 40,563. Certes les équipements ont fait des progrès considérables - les casques profilés, la légèreté des vélos - mais rien de tout cela n’explique un tel bond en avant des performances.

C’est que l’omerta règne dans toutes les équipes et les rares qui l’ont brisé ne s’en sont pas remis : Christophe Bassons, devenu un mouton noir du cyclisme, Jérome Chiotti qui, après avoir avoué s’être dopé, l’a payé très cher, sans parler de Richard Virenque, dopé à « l’insu de son plein gré ». Car, compte tenu des sommes en jeu, c’est toute une organisation qui s’est mise en place depuis des années, allant jusqu’aux transfusions sanguines. Ce n’est pas nouveau, depuis Charly Gaul et ses colis d’amphétamines saisis à la douane, depuis Bahamontès contraint d’abandonner après une injection mal faite. Mais le plus naïf de tous, c’est encore le patron du Tour de France, qui joue l’homme trahi alors qu’il n’est pas sans savoir tous ces précédents. Et surtout parce que c’est lui qui, chaque année, élabore le parcours d’un Tour de plus en plus inhumain, avec des trajets de plus de 200 Km, de 187 Km pour certaines étapes de montagne. Les coureurs français se plaignent d’ailleurs depuis longtemps de ne pouvoir suivre le rythme effréné du Tour et se contenter des quelques coups d’éclat. Chacun sait qu’il y a un Tour à deux vitesses, avec ses petits soldats et ses grands champions prêts à tout, donc au dopage…


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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