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27 août 2005

Armstrong en victime américaine

Après les révélations explosives sur sa consommation d'EPO lors de sa première victoire dans le Tour de France en 1999, Lance Armstrong, après une première réaction laconique de dénégation, n'a pas tardé à s'exprimer plus longuement dans les médias américains. Fort de sa popularité dans son pays où il est plutôt soutenu, le Texan récuse la fiabilité du laboratoire de Châtenay-Malabry et surfe insidieusement sur les sentiments anti-français des Américains. Pour autant Armstrong n'est pas complètement décidé à lancer des poursuites...

Frederic Waringuez

Lance Armstrong qui criait haut et fort son amour pour la France avant le dernier Tour de France sur lequel il s'était fixé comme objectif de conquérir le cœur des Français, voilà qui est oublié. Celui qui était allé, dans un moment d'égarement, jusqu'à soutenir la candidature de Paris 2012 avant d'être rattrapé par ses compatriotes de New York qui lui reprochaient son manque de patriotisme, a pour le moins changé de discours.

Sous le feu des accusations de dopage lancées par L'Equipe, le Texan se défend avec des mots parfois violents, voire teintés de racisme qui pourraient parfaitement sortir de la bouche de son ami George W. Sur CNN, la voix de l'Amérique, dans l'émission de Larry King, Lance Armstrong a récusé la crédibilité des tests réalisés au laboratoire de Châtenay-Malabry qui démontrent sa consommation d'EPO en 1999. "Un gars dans un laboratoire parisien ouvre un échantillon, vous savez le genre Jean-François untel, et il le teste. Il n'y a personne pour le surveiller, aucun protocole. Et là, on reçoit un appel d'un journal qui vous annonce nous avons découvert que vous avez été positif six fois à l'EPO. Eh, bien ! depuis quand les journaux dirigent-ils le sport ?", a déclaré Armstrong, un brin populiste.


Lance Armstrong, à droite, en compagnie
de son ami George W. Bush le 20 août 2005
photo : Paul Morse, White House
p> La théorie du complot
Car l'Américain, qui s'est logiquement engouffré dans la faille du dossier d'accusation de L'Equipe à savoir la nature non-officielle des tests qui ne pourront en effet pas faire l'objet d'une contre-expertise, vise particulièrement le quotidien sportif français accusé de faire du business sur son dos avec du "journalisme de tabloïd". Au-delà du journal, c'est la France, qui selon Armstrong, lui en veut. Une France et des Français "jaloux" au moment où son cyclisme est "dans une de ses périodes les plus plates". Et le jeune retraité d'évoquer un "coup monté" dont l'Agence mondiale antidopage serait partie prenante.

Une théorie du complot que USA Cycling, la fédération cycliste américaine reprend à son compte par la voix de son directeur exécutif, Gerard Bisceglia. "Ce genre de test, des années plus tard, d'un échantillon unique avec une nouvelle technique est complètement dénué de crédibilité. Le pire c'est que Lance ne peut même pas se défendre car il n'y a pas de mécanisme permettant de trancher au bout du compte", a-t-il déclaré. La fédération américaine, persuadée que son protégée est victime d'acharnement, est ainsi prête à soutenir le coureur dans une éventuelle action en justice.

Un assureur très sceptique
Sauf que Lance Armstrong, qui fut si prompt, en 2004, à attaquer en justice les auteurs du livre LA Confidentiel, les secrets de Lance Armstrong, n'est pas très sûr cette fois de vouloir lancer des poursuites. " Ça me coûterait un million et demi de dollars et une année de ma vie. J'ai des tas de meilleures choses à faire avec ce million et demi... Et un tas de meilleures choses à faire avec mon temps. Au bout du compte, il faut que je me pose cette question.", s'est-t-il expliqué.

Il est vrai que le Texan a peut-être intérêt à faire des économies car l'assureur américain SCA Promotions, qui, sur la base des soupçons de dopage entourant Armstrong, avait gelé en 2004 le versement d'une prime de 5 millions de dollars au coureur qui lui était promise pour ses victoires dans le Tour de 2001 à 2004 après un accord passé par le coureur lui-même concernant ses propres performances, se trouve aujourd'hui conforté dans sa position. "Quand on signe un contrat, ce doit être fait de bonne foi. Les deux parties ne doivent rien se cacher. Là, Armstrong a caché qu'il augmentait ses chances en trichant. Si SCA avait su qu'il y avait déjà eu de tels indices, le contrat n'aurait pas pris le risque de signer un tel contrat.", explique Me de Montbrial, l'avocat français de SCA qui ajoute : "Il entendait capitaliser sur tous ses succès sportifs. S'il est pris, il aura beaucoup de mal à se relever. Il n'est pas interdit de penser qu'Armstrong soit ruiné par cette affaire.". Sans aucun doute, le procès le plus important auquel sera confronté l'ancien coureur est celui qui se déroulera à Dallas début 2006...


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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