"L'affaire Armstrong", qui a ébranlé cette semaine le monde du cyclisme, renvoie à des faits vieux de six ans, mais l'observation des performances actuelles laisse toujours la place au doute, malgré des contrôles anti-dopage de plus en plus performants.
"Quels que soient les progrès en matière d'entraînement, de diététique, de matériel, il n'en reste pas moins qu'il y a un fossé qui ne se comble pas, depuis des années, entre les uns et les autres, et qui laisse penser que des pratiques frauduleuses subsistent", dénonce le docteur Gérard Guillaume, médecin de l'équipe de la Française des Jeux.
Le dernier coureur français à être monté sur le podium du Tour de France est... Richard Virenque, second en 1997. Un an avant d'être tapageusement exclu de l'épreuve, lorsque éclata la révélation du dopage organisé au sein de son équipe, Festina.
Depuis, les Français se contentent d'accessits.
De grands anciens, comme Bernard Hinault, se refusent à parler d'un cyclisme à deux vitesses, reprochant aux coureurs Français de ne plus savoir se faire mal à l'entraînement, contrairement à leurs adversaires étrangers.
"En avance sur la recherche"
Mais ceux qui mettent en cause les performances des meilleurs ne manquent ni de conviction ni d'arguments. L'ex-coureur Erwann Menthéour, auteur d'un livre sur le dopage et lui-même ancien dopé à l'érythropoïétine (EPO), est catégorique: "Depuis le Tour 1998, celui de l'affaire Festina et du dopage institutionnalisé, la moyenne du vainqueur du Tour de France n'a jamais cessé d'augmenter, ça veut bien dire quelque chose, non ?"
David Moncoutié, vainqueur d'une étape sur le Tour cet été, confiait son désarroi au soir de son succès, le 14 juillet: "C'est vrai qu'il y a eu pas mal de découragement côté français. Je vois qu'au Dauphiné Libéré (en juin , j'arrivais à suivre les meilleurs, au Tour de France je n'y arrive plus. C'est comme ça tous les ans, je me dis tant pis !".
Un constat que tirait déjà l'ex-professionnel et chantre de la lutte antidopage Christophe Basson à la fin des années 90, en pleine période EPO, quand il constatait qu'il ne pouvait glaner des places d'honneur qu'en début de saison, avant que les effets de la "préparation" ne commencent à se faire sentir dans le peloton.
"Je suis écoeuré (...) Il y a des coureurs qui sont en avance sur la recherche, qui sont plus équipés que les chercheurs qui font les contrôles", dénonçait pour sa part cette semaine le coureur de Bouygues Telecom, Jérôme Pineau.
Arrivée de nouveaux produits
Cercle vicieux pointé du doigt par le Dr Guillaume, qui affirme que "plus les contrôles sont efficaces, plus les techniques de dopages deviennent sophistiquées et onéreuses, et plus elles sont réservées à une élite".
Des chercheurs ont déjà découvert comment des techniques de prise d'EPO étalées dans le temps permettent d'échapper au contrôle positif le jour de la compétition. Ils soupçonnent aussi l'arrivée sur le marché de produits nouveaux, EPO de "nouvelle génération" ou substances capables de mimer l'action de l'érythropoïtine sur l'organisme.
Face aux accusations et aux soupçons, Lance Armstrong s'en est tenu cette semaine à une défense classique. Après avoir répété qu'il n'avait jamais usé de substances interdites, il a mis en doute la validité des analyses du laboratoire de dépistage du dopage de Châtenay-Malabry, avant de se déclarer victime d'un complet des Français contre lui.
Il a également pris son téléphone pour appeler le patron du Tour de France Jean-Marie Leblanc: "Il m'a dit en substance qu'il n'avait jamais triché, a affirmé M. Leblanc à l'AFP, que les gens de l'Equipe étaient des voyous, et qu'il était victime d'une manipulation".
Vainqueur de sept Tour de France consécutifs de 1999 à 2005, le Texan n'a jamais été contrôlé positif.
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