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25 août 2005

Armstrong : la trahison du Père Noël

Le maillot jaune sous EPO ? Malgré le soutien de Bush, les Américains sont prêts à tout entendre

Alain Campiotti,
New York

Ces deux hommes-là n'aiment pas parler des sujets qui fâchent. Quand il a fait deux heures de vélo avec George Bush, dimanche autour du ranch de Crawford, Lance Armstrong n'a pas pipé mot sur l'Irak. Il est contre cette guerre. En retour, le Texan aux sept maillots jaunes peut être sûr que le président, son voisin, ne lui parlera jamais d'EPO, malgré la révélation fracassante de L'Equipe. Bush est comme ça : il croit ses amis, contre vents et marées. Il vient encore d'en faire la preuve.

Rafael Palmeiro, géant moustachu des Orioles de Baltimore, est une des plus grandes gloires actuelles du baseball. A la mi-mars, il a affirmé sous serment, devant une commission du Congrès, qu'il n'avait jamais eu recours aux stéroïdes. Un ancien camarade de club, dans un livre, disait le contraire. Le 1er août, Palmeiro a été suspendu : contrôlé positif. George Bush, ancien propriétaire d'un club de baseball (Texas Rangers), est un adversaire déclaré du dopage dans le sport : il a même consacré au sujet une partie de son discours sur l'état de l'Union l'an passé. Mais quand le joueur de Baltimore a expliqué, très virenquien, qu'il ne comprenait rien à la présence de stéroïdes dans son pipi, le président s'est aussitôt porté à son secours : « C'est un ami. Je le crois. »

De ce côté-là, Lance Armstrong n'a donc rien à craindre. George Bush pourrait être membre honoraire de son fan club qui, sur son site, fulmine contre les Français et la haineuse Equipe, acharnés à salir le champion. Pour le reste des Américains, c'est une autre histoire. En deux ans, ils ont perdu leurs illusions : depuis la révélation du scandale Balco, la multiplication des affaires de dopage touche tous les sports. Balco est ce laboratoire de San Francisco qui a ouvert les yeux américains sur la gravité du fléau : il adaptait ses produits au développement des tests de contrôle, pour les rendre indétectables.

Mais si Armstrong est atteint, c'est une icône qui se brisera, une étoile qui s'éteindra. Le maillot jaune, aux Etats-Unis, est davantage qu'un sportif : il est l'étendard de la lutte contre le cancer. Pour le moment, la plupart des journaux reproduisent les accusations de L'Equipe et les dénégations du cycliste et de ses amis. Mais le rideau commence à se déchirer. Mike Lopresti, chroniqueur sportif d'un groupe de presse national, a donné ce titre à son commentaire : « Espérons que Armstrong est innocent ». Mais on sent bien qu'il n'en croit rien. On commence à comprendre, écrit Lopresti, que les démentis des sportifs ont « autant de crédibilité qu'une pub pour les voitures d'occasion ». Et si Lance finit par tomber, avec tout le capital de sympathie qu'il a acquis dans le cœur des Américains, ce sera « comme si le Père Noël avait volé ses cadeaux à l'étalage ».


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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