11 janvier 2005

L’étau se resserre sur Johann Museeuw

L’ancien coureur, soupçonné par la justice belge d’avoir utilisé de l’EPO, continue de nier.

Lionel Venturini

La publication accablante de procès-verbaux du parquet de Courtrai dans le journal belge De Morgen, samedi, n’a entamé en rien la hargne de Johann Museeuw, gloire contemporaine du cyclisme belge, en retraite sportive depuis le mois d’avril dernier. « Compte tenu de l’enquête menée sur l’échange de fax et de SMS, des interrogatoires et des aveux de Landuyt et d’autres personnes, il est établi que Johan Museeuw a certainement pris de l’Aranesp et de l’EPO », conclut un rapport du parquet de Courtrai publié par la presse belge. Ces procès-verbaux reproduisent le contenu de SMS échangés au cours de l’année 2003 entre Johan Museeuw et le vétérinaire José Landuyt, ce dernier conseillant le cycliste quant à la prise de produits. Le tout en langage texto comme il se doit, mais que les enquêteurs belges n’ont aucun mal à décrypter.

Selon les extraits diffusés par les médias belges, José Landuyt a ainsi envoyé le 7 juillet 2003, un SMS à Museeuw avec le texte suivant : « Tu devrais maintenant prendre 80 à 100 "guêpes" et, après le départ le 9 juillet, entre 40 et 60. Ensuite, totalement propre à partir du 19 juillet. » Les « guêpes » désigneraient l’Aranesp, un produit pour améliorer l’endurance aux effets semblables à ceux de l’EPO. Le 26 juillet, Johan Museeuw envoyait à José Landuyt un message disant « j’ai 52 », en parlant de son hématocrite trop élevé. Le vétérinaire lui a alors immédiatement conseillé de « prendre du sel et beaucoup boire », un moyen connu pour faire baisser le nombre de globules rouges.

« Je me sens bien et je n’ai rien à cacher », a déclaré Museeuw à Dixmude, en marge d’une épreuve, occupé à sa reconversion au sein de l’encadrement de l’équipe Quickstep. « Je n’ai rien fait de répréhensible. J’ai juste essayé de faire mon travail. Sans doute dois-je être jeté de mon piédestal », a poursuivi le champion du monde 1996 et triple vainqueur de Paris-Roubaix. « Ce qui s’est passé est vraiment intolérable. Il y a une mise en cause de la présomption d’innocence à laquelle chacun a droit », a renchéri son avocat.

Mais son image est à ce point ternie qu’en décembre dernier, son compatriote Jacques Rogge, président du CIO, avait jeté la suspicion sur son palmarès. « Ses victoires resteront sur son palmarès car il n’a jamais été pris, mais on peut certainement en remettre en cause la valeur », avait jugé Jacques Rogge, dans une charge rare chez lui.


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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