8 janvier 2005

Procès-verbaux accablants : Museeuw a pris de l'EPO

Eric de Falleur

L'étau semble se resserrer autour de l'ancien coureur de Gistel
Bas les masques ! Des procès-verbaux du parquet de Courtrai, dont plusieurs sont apparus hier soir sur la place publique, il ressort que Johan Museeuw a pris en 2003 de l'aranesp et de l'EPO. Des produits dopants et bien sûr interdits. Ces procès-verbaux reproduisent le contenu de fax, de mails, de SMS échangés entre Johan Museeuw et le vétérinaire José Landuyt. Ils sont explicites. « Il est établi que Johan Museeuw a certainement pris de l'aranesp et de l'EPO ! » a conclu le parquet flandrien qui instruit depuis deux ans l'affaire d'un trafic présumé de produits dopants dans les milieux hippiques, cyclistes et colombophiles. Une affaire dite Landuyt-Versele du nom du vétérinaire courtraisien José Landuyt, au centre du dossier, et du soigneur gantois Herman Versele.

On se souviendra que le 4 septembre 2003, une vague de perquisitions, effectuées notamment au domicile de plusieurs coureurs (Johan Museeuw, Jo Planckaert, Chris Peers, Mario De Clercq...), suivies par de longs interrogatoires de ceux-ci, avaient révélé au grand jour une enquête qui durait depuis plusieurs mois. Durant lesquels des écoutes téléphoniques avaient été effectuées avant que, semble-t-il, une personne proche de l'enquête n'alerte une première fois les suspects.

Se croyant totalement à l'abri, Museeuw and co auraient alors commis l'erreur de communiquer par fax, mails et SMS notamment.

Commission incompétente ?
La publication de ces procès-verbaux survient le jour même, et ceci n'est sans doute pas un hasard, où le tribunal de Bruxelles avait inscrit à son rôle l'assignation introduite par Johan Museeuw à l'encontre de la RLVB en annulation de la décision de la commission disciplinaire du vendredi 8 octobre dernier, qui, dans le cadre de cette affaire, le condamnait à une suspension de quatre ans, dont deux fermes. Cela, sur base des extraits du dossier judiciaire que le parquet de Courtrai avait fournis à la fédération. Dans cette même affaire, les (désormais ex-) coureurs Chris Peers et Jo Planckaert ont été sanctionnés de la même manière que l'ancien champion du monde. A la demande de certains coureurs, et notamment Johan Museeuw, toutes les audiences s'étaient tenues à huis clos.

Selon Museeuw et son avocat courtraisien, Me Josef Lievens, cette commission n'était pas compétente pour le sanctionner. De plus, la procédure qu'elle a suivie serait contraire à la Convention européenne des droits de l'homme et à la présomption d'innocence. De même, le secret d'une instruction pénale en cours aurait été violé et une infraction grave aurait été commise au principe légal qui implique que les procédures disciplinaires doivent être suspendues jusqu'à ce que les procédures pénales soient terminées. Enfin, toujours selon les conseils de Museeuw, la décision de la commission était insuffisamment motivée et fut rendue publique malgré le huis clos.

La forme mais pas le fond
Hier, le tribunal de première instance de Bruxelles a inscrit au rôle la citation du Lion des Flandres. Toutefois, la date du traitement de l'affaire n'est pas encore connue.

On le voit, c'est bien sur la forme et non le fond de l'affaire que Museeuw et son avocat comptaient argumenter pour essayer de faire invalider par la justice la sanction de la RLVB. Mais malheureusement pour lui, l'étau semble se resserrer autour de l'ancien coureur de Gistel.

Car désormais, le doute n'est plus permis, le Flandrien, qui n'a jamais avoué, contrairement au vétérinaire Landuyt (qui s'est rétracté depuis lors), est bien plus impliqué et sali qu'il ne veut le reconnaître. Et les récents propos et accusations de Jacques Rogge, le président du CIO, à son encontre, prennent aujourd'hui une plus grande force.

Seize ans après l'avoir débutée, Johan Museeuw a mis un terme à sa carrière le 14 avril dernier, au soir du Grand Prix de l'Escaut.

Le Lion a notamment gagné le championnat du monde 1996, deux championnats de Belgique et onze classiques de Coupe du Monde, dont trois Tours des Flandres et autant de Paris-Roubaix. La question est désormais de savoir comment...


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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