À deux jours du départ de Strasbourg, le climat du Tour de France cycliste s'est alourdi brutalement jeudi par les révélations sur les noms des coureurs éclaboussés par le scandale du dopage en Espagne, surtout des deux favoris, Jan Ullrich et Ivan Basso.
Attente. C'est le mot qui s'est imposé aux organisateurs et aux responsables d'équipes, confrontés au déluge déversé par plusieurs médias espagnols sur les noms de différents coureurs qui apparaîtraient dans le dossier d'instruction judiciaire sur le réseau de dopage sanguin.
Les organisateurs du Tour attendent des informations officielles. Les équipes sont dans le même cas. Mais, en... attendant, les incertitudes sur l'avenir de plusieurs des favoris ou leaders d'équipes -les noms de Basso, Ullrich, Menchov, Mancebo, ont été jetés en pâture- ont plombé l'ambiance d'avant-Tour, à moins de 48 heures du prologue. Comme aux jours sombres de l'affaire Festina en 1998.
Seule certitude, le verdict rendu par le Tribunal arbitral du sport (TAS) en faveur de l'équipe Astana, dont le Tour avait demandé la récusation.
Le TAS a autorisé jeudi la formation espagnole, dont le chef de file est le Kazakh Alexandre Vinokourov, à participer à la course. Il a motivé sa décision en constatant qu' « aucune information officielle concernant cette enquête n'a encore été révélée par les autorités espagnoles. »
L'arbitre unique, le Belge Guido de Croock, a reconnu que les organisateurs du Tour avaient "pris leurs responsabilités en tentant de préserver l'image et la crédibilité" de leur épreuve. Mais il a choisi de retenir "l'absence d'éléments concrets à ce jour" permettant d'établir que l'équipe porte "gravement atteinte à l'image du cyclisme ou de l'épreuve."
Avec la levée du secret de l'instruction décidée par le juge espagnol, la connaissance de cette fameuse "information officielle" n'est plus qu'une question de temps, sans doute d'heures.
Les responsables des équipes, regroupés dans leur association internationale (AIGCP), ont prôné une ligne de strict respect du code éthique qu'ils ont signé.
Selon les termes de ce code, une équipe retire par précaution un coureur impliqué dans une procédure judiciaire liée au dopage.
Au-delà de cette mesure, d'autres problèmes se posent, sans réponse pour l'instant. Notamment, le remplacement des coureurs en cause avant le départ du Tour, et le seuil (nombre de coureurs) à partir duquel il est envisageable qu'une équipe soit retirée.
Jeudi, le cérémonial prévu d'avant-Tour a été respecté. Les concurrents ont défilé sur les bateaux empruntant l'Ill, qui traverse le centre-ville de Strasbourg, avant d'être présentés au public.
Vinokourov, rasséréné par la décision du TAS, s'est dit "en confiance à cent pour cent". Avec la double motivation de confondre ses détracteurs et bien faire au plan sportif. Et de souligner "n'avoir aucun lien avec ce Docteur", le médecin Eufemiano Fuentes soupçonné d'être au centre du réseau de dopage en Espagne.
Pour le Tour, qui affirme garder une détermination intacte après la décision du TAS, un compte à rebours très contraignant est engagé s'il veut présenter un peloton débarrassé des doutes qui collent désormais à plusieurs de ses acteurs.
De son côté, l'Union cycliste internationale doit recevoir dans la nuit de jeudi à vendredi, par le canal de la Fédération espagnole, un résumé du rapport d'instruction. C'est à partir de ce document qu'elle pourra, le cas échéant, demander aux fédérations nationales d'ouvrir des procédures disciplinaires.
page mise en archives par SVP
Consultez
notre ENCYCLOPÉDIE sportive