Les défenseurs de l'ancien coureur professionnel Laurent Roux s'en sont violemment pris à la Fédération française de cyclisme jeudi au dernier jour du procès du "pot belge", vaste affaire de trafic de produits dopants dont le jugement tombera le 3 juillet, deux jours après le début du Tour de France. Des peines allant d'un mois avec sursis à quatre ans de prison ferme ont été requises mercredi au tribunal correctionnel de Bordeaux à l'encontre des 23 prévenus, dont l'ex-champion Laurent Roux, 33 ans, et son frère Fabien, 24 ans. Le procureur a demandé pour eux trente mois de prison dont 18 avec sursis.
Fidèles à la ligne de défense adoptée depuis l'ouverture du procès lundi, Mes Gilbert Collard et Alexandre Novion ont présenté comme des victimes du système leurs clients Laurent et Fabien, soupçonnés d'avoir organisé sur le Sud-Ouest et le Sud-Est de la France un réseau d'approvisionnement de pot belge, un cocktail d'amphétamines, de cocaïne et d'héroïne largement vendu entre 2002 et 2005 dans le milieu du cyclisme.
"La Fédération du cyclisme, c'est le proxénète qui demande des dommages et intérêts à ses prostituées", lance Me Collard, "il faut être dopé des oreilles pour ne pas comprendre que le dopage est partout". La FFC s'est constituée partie civile, s'estimant victime d'un préjudice.
"On sait bien que ces procès sont une vaste hypocrisie (...) On laisse faire parce que le sport est aujourd'hui une partie du capitalisme", poursuit le conseil. "Le sport de haut niveau est l'école de la toxicomanie. Les jeunes entrent dans des clubs et sont immédiatement initiés à la pratique du dopage. Et on se demande aujourd'hui comment Laurent Roux est passé du dopage à la toxicomanie!" "On juge Laurent Roux et de son côté Lance Armstrong se 'marre' (sic) aux Etats-Unis. Aucun juge français ou italien n'osera jamais juger Armstrong", accuse-t-il.
Et Me Alexandre Novion de revenir sur "ces soirées spéciales qui sont le moment de la découverte du 'pot du fou'. Rappelez-vous de ce que disait (Jacques) Anquetil : 'Comment voulez vous qu'un coureur puisse courir 235 jours par an ?"'.
Quant à Me Ahmad Serhan, défenseur de Fabien Roux, le plus jeune des deux frères, il souligne que son client "avait 18 ans au moment des faits qui lui sont reprochés. Il avait des idoles et se prenait pour eux. C'était un gamin qui n'appartenait pas au milieu". Il demande la clémence du jury, rappelant que le prévenu a déjà effectué sept mois et demi de détention et risque un retour en prison car il ne peut pas assumer le redressement fiscal de 52 000 euros assorti à son sursis.
Intervenant en fin de séance, Laurent Roux, visiblement ému, la larme à l'oeil, assure que "le cyclisme restera (sa) famille" et présente des excuses pour "avoir créé cette situation". "Je regrette d'avoir porté préjudice à la Fédération française de cyclisme", ajoute-t-il. Son frère, abattu, tête baissée, reste muet.
Parmi les autres personnalités impliquées dans le dossier se trouve Freddy Sergant, 63 ans, pivot présumé du réseau en tant que soigneur d'équipes professionnelles entre 1980 et 2001, accusé d'avoir vendu 2.000 fioles de pot belge. La peine la plus lourde a été requise à son encontre: quatre ans de prison ferme. Il a déjà effectué un an de détention préventive.
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