Le scandale espagnol laisse présager un véritable raz-de-marée…
Philippe Van Holle
”Se dirige-t-on vers un nouveau scandale Festina ?” nous demandait voici quelques jours un passionné de cyclisme. Vu la situation actuelle, la question mérite, en effet, d’être posée. Et, malheureusement, la réponse n’est pas très agréable à entendre. Oui, on risque un gros scandale (pas seulement en cyclisme d’ailleurs, puisque des sportifs de haut niveau dans d’autres disciplines sont impliqués mais, comme par hasard, seuls des noms de coureurs ont pour l’instant été révélés). Non, ce ne sera pas un scandale du type Festina… mais l’affaire devrait être nettement plus grave. Parce que le cancer est métastasé et qu’il touche bien plus qu’une seule équipe. Les dirigeants du Tour, paraît-il, s’arrachent déjà les cheveux. Quelle est donc la (bonne) décision à prendre ?
Il faut dire que 58 coureurs impliqués, c’est déjà un beau peloton ! En outre, la personnalité d’un directeur sportif tel que Manolo Saiz est telle qu’elle rejaillit obligatoirement sur l’ensemble de la communauté. Aujourd’hui, certes, l’Espagnol est montré du doigt, y compris par ses collègues, mais il faut être honnête et reconnaître que, jusqu’à il y a peu, l’homme, au sein du peloton, faisait quasi l’unanimité (pour lui). C’est lui, même, qui a longtemps été le principal représentant des groupes professionnels (aujourd’hui, c’est Patrick Lefevere qui exerce cette fonction). On soulignera également en passant que des coureurs comme Laurent Jalabert et Johan Bruyneel étaient de véritables inconditionnels de celui qui véhicula pendant des années l’image de l’équipe Once. Mais ils n’étaient guère les seuls. Les compliments affluaient littéralement de la part de nombreux coureurs lorsqu’ils évoquaient la forte personnalité de Saiz. C’est simple, dans le milieu, on le surnommait régulièrement le gourou.
À nos yeux, un seul autre directeur sportif suscitait, dans le peloton, la même admiration : Bjarne Riis, qui semble exercer une véritable fascination sur les coureurs qui le côtoient. Loin de nous, évidemment, l’idée d’effectuer une comparaison entre les deux hommes pour ce qui est de l’aspect, disons, extrasportif. Riis est un fanatique du détail (surtout pour les épreuves contre la montre) et il a le don de soulager ses athlètes de tout ce qui ne concerne pas la course de sorte qu’ils n’aient qu’une chose à penser : rouler à vélo, le mieux et le plus vite possible.
L’affaire de Madrid, celle qui concerne Armstrong, le scandale du pot belge actuellement en France, la bagarre qui dure depuis plus de deux ans entre l’UCI (instigatrice de ce ProTour qui fit couler tant d’encre) et les organisateurs des grandes épreuves à étapes comme le Tour de France, le Giro et la Vuelta, tout cela est en train de miner considérablement le cyclisme professionnel. On remarquera, par corollaire, que l’Union cycliste internationale est également attaquée de toutes parts, par des instances internationales, comme l’AMA de Dick Pound, mais aussi par certaines personnalités du cyclisme, comme le triple vainqueur du Tour de France Greg LeMond, lequel n’hésite pas à dire que l’UCI est corrompue (sic). Aujourd’hui, le bateau semble prendre sacrément l’eau. À une semaine de son appareillage, le paquebot du Tour de France lutte comme il peut dans la houle qui forcit. Vinokourov n’est déjà plus qu’un moussaillon sans importance qu’on jetterait bien par-dessus bord, quel sera le suivant… ?
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