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26 juin 2006

Le cyclisme dans la tourmente une semaine avant le Tour

Elise Vincent

Dans les annales du cyclisme espagnol, l'année 2006 sera cruellement marquée par une case blanche. Alors que Florent Brard (îles Baléares) a remporté le titre de champion de France sur route, dimanche 25 juin, à Chantonnay (Vendée), il n'y a pas eu de vainqueur désigné en Espagne, lors du championnat national. Trois kilomètres seulement après le départ, l'ensemble du peloton a mis pied à terre pour protester contre des révélations du quotidien El Pais, le matin même, au sujet d'un vaste réseau de dopage. Un boycott choc, à la mesure du malaise qui tenaille le cyclisme international à une semaine du départ du Tour de France, prévu le 1er juillet, à Strasbourg.

Au mois de mai, la Guardia civil avait trouvé dans un appartement madrilène une centaine de poches de sang congelé destinées à être autotransfusées. Elle avait saisi au passage plusieurs registres sur lesquels apparaissaient les noms codés de quelque 200 sportifs (Le Monde du 26 mai). Selon des extraits du rapport judiciaire publiés dimanche par El Pais, au moins 58 coureurs auraient eu recours à ce "réseau criminel". Parmi eux figureraient la plupart des membres de l'équipe Astana-Würth (ex-Liberty Seguros), dont le leader, le Kazakh Alexandre Vinokourov, est l'un des favoris du Tour de France. Le docteur Eufemiano Fuentes, tête de pont présumée de ce trafic, aurait aussi eu des "connexions" avec des coureurs présents sur le Giro en 2004. L'Américain Tyler Hamilton, suspendu depuis 2004 pour une autotransfusion aurait été l'un de ses "clients".

La Fédération espagnole de cyclisme (RFEC, a déclaré qu'elle ne "soutenait pas" ce boycott et précisé qu'elle envisageait de porter plainte, pour réparer "les préjudices occasionnés par des fuites normalement couvertes par le secret de l'instruction".

Début juin, le manager de l'équipe Phonak, John Lelangue, avait écarté, à titre provisoire, le Colombien Santiago Botero et l'Espagnol Enrique Gutierrez parce que leur nom était apparu dans la presse.

Une variante du principe de précaution qui n'est pas à l'ordre du jour chez Astana-Würth. Dimanche 25 juin, le porte-parole de l'équipe a refusé de commenter les révélations du quotidien espagnol. Astana-Würth se retranche derrière le travail de la justice, qui n'a pour l'instant pas mis en examen son manager, Manolo Saiz, surpris en flagrant délit d'achat de produits dopants à la fin du mois de mai.

Le 23 juin, l'Union cycliste internationale (UCI) a décidé, malgré le scandale, de laisser sa licence professionnelle à l'équipe, l'autorisant du même coup à participer à la Grande Boucle. "Tant que les listes de la justice espagnole ne seront pas transmises officiellement, Astana-Würth pourra concourir", déclare le porte-parole de l'UCI.

Cette polémique intervient alors que, dans un entretien accordé au journal L'Equipe, dimanche 25 juin, Greg LeMond, triple vainqueur du Tour de France (1986, 1989, 1990), a déclaré : "Le système entier est corrompu, l'UCI est corrompue." Greg LeMond, a répété avoir été victime de menaces de son compatriote Lance Armstrong, après qu'il se fut dit "déçu" de la collaboration de ce dernier avec le docteur Michele Ferrari, (Le Monde du 16 juillet 2004) dénonce notamment le rapport publié début juin sous tutelle de l'UCI, qui disculpe le septuple vainqueur du Tour de France de s'être dopé à l'EPO en 1999.

Lance Armstrong de son côté, a fermement démenti d'autres accusations, publiées dans Le Monde du 24 juin. Betsy Andreu, la femme de son ex-coéquipier Frankie Andreu, a affirmé, sous serment, devant le tribunal de Dallas, qu'il a avoué devant elle s'être dopé avant son cancer en 1996.

Face à tous ces scandales, la société organisatrice du Tour de France a pour l'instant pris la décision d'évincer l'équipe espagnole Communauté de Valence, dont le directeur sportif a été l'un des rares mis en examen lors de l'opération antidopage menée en Espagne. La Grande Boucle peut-elle partir dans ces conditions ? Jean-Marie Leblanc, directeur général du Tour de France, apporte cette réponse : "Pourquoi s'en remettre toujours au Tour de France ? Faut-il déclarer le cyclisme professionnel en général hors-jeu ? Ça, ça serait une vraie question."


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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