Premier coureur américain vainqueur du Tour de France, Greg LeMond exhorte Floyd Landis, contrôlé positif à la testostérone, à dire la vérité pour changer la face du cyclisme professionnel.
« À lui seul, il a les moyens de changer la face de ce sport », déclare-t-il dans le «Journal du Dimanche (JDD)».
« S'il est confirmé positif, j'espère qu'il aura le courage de dire la vérité. Son exemple pourrait être un symbole de changement. J'espère qu'il ne fera pas ce qu'un autre athlète américain a fait : nier, nier, nier », ajoute LeMond, en égratignant sans le citer Lance Armstrong.
L'échantillon À des urines de Landis, prélevées à Morzine lors de la 17e étape du Tour de France qu'il a remportée dimanche dernier sur les Champs-Elysées, a mis en évidence de la testostérone, un anabolisant interdit. Si l'échantillon B qui devrait être analysé la semaine prochaine confirmait les résultats de l'échantillon A, Landis pourrait être suspendu deux ans et être rayé du palmarès de la Grande Boucle.
Greg LeMond, qui a beaucoup d'estime pour Landis qu'il juge intègre, pense que s'il a triché, cela est dû à un système gangrené par la généralisation de pratiques douteuses.
« Je connais Floyd, c'est un bon mec, il vient d'une bonne famille. Si cela est avéré, cela fait partie de la tragédie que traverse ce sport : même les gens biens sont obligés de tricher », explique le triple vainqueur de la Grande Boucle (1986, 1989, 1990) dans l'édition de l'hebdomadaire qui paraîtra ce dimanche.
Très critique à l'égard de l'Union cycliste internationale (UCI) qu'il avait traitée de «corrompue», LeMond est satisfait des propos de son nouveau président Pat McQuaid, qui entend mener «une croisade» contre le dopage.
« Je ne m'en prenais pas à Pat McQuaid, mais à certaines pratiques de cette institution. On ne peut plus laisser passer des certificats médicaux antidatés par exemple », explique-t-il.
Lors du premier de ses sept Tours de France victorieux, Lance Armstrong avait été détecté positif aux corticoïdes durant l'épreuve, mais avait présenté après la course un certificat médical antidaté pour ne pas être inquiété. Plus récemment, le journal L'Équipe a annoncé que l'analyse rétroactive des urines du Texan, récoltées lors de ce Tour 1999, contenait de l'EPO, une hormone qui prise de façon exogène augmente artificiellement l'oxygénation du sang. Armstrong, survivant d'un cancer généralisé, a toujours réfuté en bloc les accusations de dopage.
LeMond estime que les «repentis» devraient être protégés alors qu'ils sont évincés du milieu.
« Je pense qu'il faudrait une amnistie pour les coureurs qui seront capables d'aller vers les fédérations et dire ce qui se passe dans ce sport. Regardez Jérôme Chiotti : il a été honnête, il a déclaré qu'il prenait des produits et on l'a éjecté. Ceux qui essaient d'être honnêtes sont flingués. Et les malhonnêtes continuent de gagner des courses, de faire de l'argent et ne se font jamais attraper. Les instances du cyclisme et les coureurs doivent arrêter de se défendre en disant Nous sommes les plus contrôlés. Les contrôles, on n'en fera jamais assez », explique l'Américain.
LeMond plaide pour des sanctions radicales, comme celle prônée par Daniel Baal, l'ancien président de la Fédération française de cyclisme, qui souhaiterait l'exclusion d'une équipe entière quand l'un de ses coureurs est convaincu de dopage.
LeMond continue de penser que le Tour peut être gagné sans dopage. Il estime que l'EPO a tout changé en arrivant dans le cyclisme.
« Le vrai tournant, c'est 1991. Tout à coup, le rythme, la course et les vitesses moyennes ont augmenté de façon terrifiante. La différence était énorme », dit-il.
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