Anabelle Nicoud
Floyd Landis n'est pas un homme ordinaire. La vie de cet Américain de 30 ans, sorti de nulle part, a été une succession de bons et de mauvais coups. Côté bons coups, ses victoires au Tour de France, au Tour de Géorgie et au Tour de Californie. Côté mauvais coups, son échec aux tests antidopage.
Discret et intègre, Floyd Landis a de l'ambition. Avant le départ du Tour, il fait déjà connaître son intention de remporter la prestigieuse épreuve. Il préfère tabler sur ses récentes victoires au Tour de Californie, au Tour de Géorgie et au Criterium du Dauphiné, plutôt que mettre l'accent sur ses limites.
Blessé à la hanche depuis une chute en 2003, Floyd Landis s'est habitué à la douleur, et à monter sur son vélo par la gauche. Il a même accepté la perspective d'une opération qui pourrait lui interdire les compétitions.
Rien ne semble toutefois entamer la détermination du champion en sursis. Quand il s'écroule pendant le Tour, le 19 juillet, ce n'est que pour mieux se relever. Le lendemain, il remporte l'étape décisive de Morzine et s'assure la victoire. Il est salué comme le nouvel espoir américain. Mieux : l'anti-Armstrong.
Le septuple champion du Tour, accusé d'être froid, égoïste et orgueilleux, met ses coéquipiers à rude épreuve, alors que Landis se montre généreux. Pour avoir été l'un d'entre eux, Landis ne le sait que trop bien. «Il est difficile d'être ami avec Lance», avait-il déclaré après le Tour.
Armstrong croit pourtant en Landis. En 2002, il repère le coureur, l'intègre dans l'US Postal et le sort des eaux - la faillite de l'ancienne équipe de Landis l'avait laissé criblé de dettes. Pendant deux ans, Landis apprend dans l'ombre d'Armstrong, participe à son premier Tour, puis quitte l'US Postal pour Phonak. Armstrong lui fera payer le prix de sa trahison.
Avec le départ à la retraite d'Armstrong et le retrait des deux favoris du Tour, Ullrich et Basso, Landis voit son heure de gloire arriver. Tout est prêt pour ce que le quotidien sportif L'Équipe a baptisé le «come-back du siècle».
Élevé dans une famille mennonite, Landis ne croit pourtant pas aux miracles. Sa carrière sportive, il la doit plus à ses entraînements qu'à ses prières. Il a dû tourner le dos aux principes rigoristes de sa communauté pour réaliser son rêve. Adolescent, il s'entraîne le soir, en survêtement, seule concession familiale faite à la modernité. Il claque la porte de la ferme familiale à 20 ans, s'envole vers la Californie. Il se prépare avec son entraîneur pendant huit ans.
Le rêve de l'Américain s'est réalisé dimanche. Il y a bien eu des drapeaux américains sur les Champs-Élysées. Un baiser avec sa femme Amber sur le podium est venu compléter l'image d'Épinal. La consécration aura duré moins de quatre jours.
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