Suspension à vie de la cycliste Geneviève Jeanson
Sylvain Lamarre
« J’ai été assommé en apprenant la nouvelle. Les deux bras m’ont tombé », a mentionné lors d’une entrevue téléphonique au Courrier Laval le président du Club Espoirs-Laval Daniel Bédard au sujet de la suspension à vie de l’ancienne cycliste du club lavallois Geneviève Jeanson.
« Je ne croyais pas aux rumeurs, car il y a beaucoup de jalousie en cyclisme. Mais là, on doit se rendre à l’évidence. Ce sont des tests sérieux et je ne crois pas que Geneviève s’en sortira. Les tests sont tellement perfectionnés. C’est impossible de se tromper », a-t-il enchaîné.
M. Bédard souligne qu’elle a peut-être voulu gravir les échelons un peu trop rapidement afin de gagner une médaille aux Jeux olympiques. « Elle a sans doute été mal conseillée. C’est une grosse perte pour le cyclisme canadien. Geneviève était une grande athlète et une ambassadrice. Nous avons toujours eu de bonnes relations. C’est dommage tout ce qui lui arrive. Était-elle bien entourée depuis son passage chez les pros ? Je me le demande sérieusement. »
M. Bédard croit que la sanction imposée à la célèbre cycliste qui a donné ses premiers coups de pédales à Laval est trop sévère. Toutefois, il considère que ça fera réfléchir d’autres athlètes.
C’est certain qu’une suspension à vie, c’est sévère comme punition. C’est un message clair pour tous les cyclistes. Ça pourrait en décourager plusieurs à tenter l’expérience, c’est une bonne chose en ce sens. Je suis peut-être naïf, mais la drogue n’a pas sa place dans les sports. »
Jeanson a débuté sa carrière avec le club lavallois sous la férule du défunt Antoine Bedwani, fondateur du club. Elle a marqué la scène provinciale et nationale avec les Espoirs-Laval jusque dans les rangs juniors. Par la suite, elle a quitté pour entreprendre une carrière professionnelle.
« M. Bedwani doit se retourner dans sa tombe. Il était contre les drogues. S’il avait été vivant, il aurait mal pris tout ce qui arrive à Geneviève. C’était comme son enfant. Il a vu grandir sa protégée », a rappelé M. Bédard.
Prévention
M. Bédard affirme que le Club Espoirs-Laval n’accepte pas les athlètes qui se droguent. D’ailleurs, les athlètes pris en flagrant délit seront bannis du Club. « C’est dans notre code déontologique. Nous n’acceptons pas cela. »
Bien entendu, M. Bédard et son groupe de bénévoles font de la prévention auprès des jeunes cyclistes. « Nous les mettons en garde. Les athlètes doivent se tenir loin des drogues. Je pense que nos jeunes sont intelligents et ils savent faire la différence. J’ose croire qu’aucun athlète de notre club ne prend de drogue. »
M. Bédard est d’avis que la suspension de Jeanson pour usage de drogue ternit l’image du cyclisme. « Ce n’est pas très bon pour notre image. Geneviève est un cas d’exception. Lyne Bessette, Charles Dionne, François Parisien pour ne nommer que ceux-là sont tous des athlètes propres qui ont bien performé. Ils n’ont jamais échoué de tests. »
Selon M. Bédard, le message qu’il faut retenir, c’est que la grande majorité des athlètes en cyclisme au Québec n’ont pas besoin d’avoir recours aux drogues pour performer. Le seul autre cas a été Éryc Lyman en 1999. On se souvient qu’il avait couru dans les rues de Laval tout juste avant de se faire prendre. Il avait été suspendu pour deux ans.
Les mésaventures de Jeanson
L’affaire Duquette mai 2001 : Le docteur Maurice Duquette est accusé d’avoir prescrit et administré de l’EPO à 14 personnes dont une athlète de renom. Malgré l’interdit de publication, on comprend qu’il s’agit de Jeanson. Même si elle avoue avoir consulté le docteur Duquette, elle nie avoir reçu de l’EPO.
Championnats du monde, octobre 2003 : L’Union cycliste internationale (UCI) a interdit à Geneviève de prendre le départ des championnats du monde tenus à Hamilton au Canada en raison de son taux d’hématocrite au-dessus de la norme.
L’affaire de la Flèche Wallonne, avril 2004 : Geneviève obtient le même résultat qu’à Hamilton lors d’un test sanguin avant le départ d’une épreuve de la Coupe du monde en Belgique. Elle a quand même pu prendre le départ, car l’échantillon B s’est avéré négatif. À la fin de la course, Jeanson oublie de se présenter pour subir un contrôle. Elle risquait alors deux ans de suspension. Elle s’en est sortie avec un simple avertissement.
Tour de Toona en Pennsylvanie, 25 juillet 2005 : Geneviève échoue un test antidopage de la USDA (Agence antidopage américaine).
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