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19 janvier 2006

Une « créature d'exception » ?

Geneviève Jeanson serait une « créature d'exception ». Ses paramètres physiologlques hors normes auraient donc faussé les données de son test positif à l'érythropoïétine (EPO), test qui, au surplus, n'aurait pas été mené selon les règles de l'art. Encore plus important, un deuxième test diligenté 60 heures plus tard par l'Agence mondiale antidopage (AMA) n'a rien révélé.

Voilà l'opinion que l'avocat de Jeanson, Me Jean-Pierre Bertrand, et son équipe d'experts entendent faire valoir devant l'American Arbitration Association (la AAA), un comité arbitral indépendant. Les audiences devraient avoir lieu au printemps.

Principal argument de Me Bertrand l'absence d'EPO dans le test conduit par l'AMA, le 27 juillet, prouve l'invalidité du premier, mené le 25 juillet par l'agence antidopage américaine (USADA). Le premier (USADA) a révélé une présence massive d'EPO. Le second (AMA) est revenu complètement vierge. Les deux tests ont été menés par le même laboratoire à l'University of California in Los Angeles (UCLA).

En résumé, selon la valeur des résultats du premier test, Geneviève aurait consommé de l'EPO de façon industrielle avant son contre-la-montre, illustre Me Bertrand. Or l'EPO se dégrade dans le corps selon une formule mathématique relativement simple, et reconnue par tout le monde. Donc, même si l'EPO s'était dégradée de façon accélérée, il en resterait quand même beaucoup pour le deuxième test. »

Le Dr Christiane Ayotte, directrice du laboratoire de contrôle du dopage de l'INRS, ne souscrit pas à cette théorie. Invitée à commenter un cas hypothétique - donc anonyme - Dr Ayotte a indiqué qu'une telle situation était « fréquente ».

« L'urine peut être trop diluée pour en arriver à une conclusion satisfaisante ou le corps peut arrêter de produire de l'EPO quand il y en a déjà une présence importante », a-t-elle résumé.

Par ailleurs, Jeanson et son avocat fondent beaucoup d'espoir sur le cas récent d'un athlète de haut niveau blanchi après un test positif à l'EPO. Il s'agit du triathlonien belge Rutger Beke, quatrième du dernier Ironman d'Hawaï.

D'abord suspendu 18 mois, Beke a remporté un long combat juridique qui a abouti par son exonération devant la commission de discipline de la Communauté flamande, en août dernier.

À l'aide d'une équipe de scientifiques, Beke a démontré qu'il représentait un cas particulier.

Le corps produit naturellement de l'EPO, une hormone qui stimule la production de globules rouges qui transportent l'oxygène dans le sang.. Chez les scientifiques, on parle alors d'EPO endogène.

À l'opposé, l'EPO exogène est administrée de façon externe. Elle est donc interdite dans le monde du sport. Depuis 2000, un test conçu par un laboratoire français permet de la détecter dans les urines à la lumière de la présence d'une certaine quantité de protéines.

À l'effort, Beke sécréterait quatre fois plus d'EPO endogène que la normale. Et, toujours à l'effort, son urine recèlerait une grande quantité de protéines, qui pourraient être assimilables à de l'EPO exogène, faussant ainsi les résultats.

Le premier test positif de Jeanson a été mené dans l'heure suivant un effort violent, un contre-la-montre de 5,1 kilomètres, soulève Me Bertrand. Le deuxième test a été mené en matinée avant une étape, ceci expliquant cela, soutient l'avocat.

L'AMA a reconnu l'erreur dans le cas de Beke. L'interprétation des résultats aurait toutefois été mal effectuée. L'AMA soutient donc que le test d'EPO est toujours fiable. Depuis novembre, l'agence oblige néanmoins ses laboratoires à faire confirmer leurs résultats par un autre laboratoire accrédité.

Enfin, Me Bertrand prétend que plusieurs conditions n'ont pas été respectées dans le processus menant au test positif de sa cliente. « Il y a eu contamination de l'échantillon », a-t-il affirmé.

Confiant de l'emporter, Me Bertrand estime néanmoins que l'athlète est en position de faiblesse face aux instances antidopage.

Ultimement, Geneviève est un créature d'exception, a-t-il affirmé en faisant entre autres allusion à son exclusion des Championnats du monde de Hamilton, en 2003, pour taux d'hématocrite trop élevé. Elle semble avoir un profil d'exception. C'est lourd à supporter pour une athlète. Ça lui prendrait une armée de professionnels. C'est absolument invivable. C'est dommage car le rapport de force semble inéquitable. L'USADA ou l'AMA, ils ont une armée. Les athlètes n'ont pas de ressources. »


photo : archives La Presse


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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