19 janvier 2006
« Je n'ai jamais pris de dope ! »
Malgré la nouvelle tuile qui lui tombe sur la tête et la suspension à vie qui lui pend au bout du nez, Geneviève Jeanson persiste et signe. « Je n'ai jamais pris de dope ! » a répété la cycliste de Lachine, hier, dans une entrevue exclusive accordée à La Presse.
Fortement ébranlée par les événements des derniers mois, Jeanson a néanmoins retrouvé son tempérament de battante devant la longue démarche juridique qui se profile à l'horizon.
L'athlète de 24 ans entend tout faire pour laver son honneur devant l'American Arbitration Association, au printemps. Si cette démarche échoue, elle planifie interjeter appel auprès du Tribunal arbitral du Sport (TAS), la Cour suprême des affaires légales reliées au sport.
« En apprenant ça, j'ai capoté. Je voyais ma vie descendre en flammes. J'ai eu des périodes difficiles, t'as pas idée. Là, j'ai passé ma période de panique totale. Je prends ça relativement bien parce que c'est un faux positif. Je l'ai, la preuve », a assuré Jeanson depuis sa résidence en Arizona.
Le 27 août, deux jours avant son 24e anniversaire de naissance, Jeanson, le coeur léger, s'entraînait en Caroline du Nord en prévision des Championnats du monde de Madrid, prévus le mois suivant. La forme et la motivation étaient là. Un mois plus tôt, à sa grande surprise, elle avait remporté l'International Tour de Toona par une seconde.
Coup de fil de la dame qui l'hébergeait à Altoona : Geneviève, je ne comprends pas, tu as reçu un paquet de l'USADA (l'Agence antidopage américaine) et tu dois être mise au courant...
« J'ai capoté pendant une semaine. Je ne comprenais pas. C'était impossible, ils avaient sûrement dû faire une erreur. »
L'ex-championne du monde junior s'est ensuite souvenue des articles remettant en question les tests d'EPO dans les sites Internet. Elle les lisait d'un oeil détaché ; voilà qu'elle était directement concernée.
Le 26 septembre, accompagnée de son père, elle s'est rendue au laboratoire olympique de UCLA pour assister à l'ouverture de l'échantillon B. Elle dit s'être retrouvée dans un environnement très hostile. Ses deux pages de questions n'ont pas trouvé réponses.
Un mois et demi plus tard, Jeanson est chez ses parents, à Lachine, quand elle reçoit la réponse pour l'échantillon B : positif. « Je savais que c'était rare que le deuxième échantillon soit négatif. Je me suis encore écroulée. »
Aujourd'hui, Jeanson appréhende la réaction du public. Quand on lui rappelle l'étonnante série d'événements relatifs au dopage la concernant, elle parle de « situations extraordinaires ».
« C'est vrai que ça paraît mal, mais que veux-tu que je dise ? Des douteurs, il va toujours y en avoir. J'ai commencé à m'entraîner sérieusement à l'âge de 15 ans. À ma première année cadette, j'ai gagné des courses. Le monde disait que j'étais dopée. Le test est positif à 125 %. Me semble que si j'avais pris de la dope, ç'aurait été bien moins compliqué de dire : Oui, j'en ai pris. »
De septembre à décembre, Jeanson n'a pas touché à son vélo. Depuis quelques semaines, elle a recommencé à rouler légèrement et à s'entraîner en gymnase, question de garder la forme. Advenant une décision favorable, elle écarte toutefois la possibilité d'un retour à la compétition cette année ou l'an prochain. Elle songe partir en affaires en Arizona, son lieu de résidence permanent depuis quelques années.
« J'ai toujours adoré le vélo. C'est ma passion. J'adorais m'entraîner, être avec des coéquipiers, faire des courses. C'est un super beau mode de vie. Mais je n'ai pas besoin de toute cette bullshit-là pour vivre. Je suis compétitive de nature et je suis capable de me trouver autre chose pour l'exprimer. »
page mise en ligne par SVP
Consultez
notre ENCYCLOPÉDIE sportive