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26 janvier 2006

« Il est temps que les athlètes se lève et parlent » -Christiane Ayotte

On a beau injecter toujours plus de millions de dollars pour dépister le dopage sportif, les athlètes et entraîneurs tricheurs investissent, eux aussi, de plus en plus dans la création de drogues de plus en plus invisibles.

« À un moment donné, il y a des limites aux dépenses antidopage qu'une société peut se permettre », affirme Christiane Ayotte, chef du célèbre laboratoire antidopage de l'Institut national de recherche scientifique (Armand-Frappier), à Laval.

« Avec la manipulation génétique (qui n'existe pas encore, mais qui s'en vient), le dépistage va devenir encore plus dispendieux et il va falloir se demander jusqu'où on veut aller, poursuit-elle. Il est temps que les athlètes prennent leurs responsabilités. C'est quand même de leur intégrité et de leur santé à eux dont on parle ! Le dopage peut causer des thromboses et des accidents cardiaques.

« Cependant, les athlètes dopés sont déresponsabilisés. On ne leur dit pas ce qu'on leur injecte et ils ne veulent pas le savoir.

« Parfois, ils sont âgés de 27 ans et ils se laissent encore traiter comme des enfants par leur entraîneur et leur entourage ! Il faut que ça cesse. »

Certains athlètes ne peuvent soutenir le regard de la chimiste
Ayotte confie qu'il lui arrive de croiser des athlètes qui ne peuvent pas soutenir son regard.

« C'est clair qu'ils savent ce qu'ils font et qu'ils n'en sont pas fiers, affirme-t-elle.

« Ils sont incapables de me regarder dans les yeux. C'est tout le contraire quand je rencontre une belle tête comme Sylvie Bernier ! »

« Dorénavant, ils doivent refuser d'être traités comme des enfants par leur entraîneur et leur entourage, insiste-elle. Ils doivent avoir le contrôle de ce qu'ils font à leur corps et refuser de tricher et de mettre leur vie en danger. »

Le chef du laboratoire antidopage aimerait aussi entendre les athlètes et les entraîneurs propres ainsi que les pharmaciens et tous ceux qui savent et se taisent.

« J'ai l'impression d'être toute seule sur la place publique à pourfendre le dopage sportif, confie-t-elle. Je pense même que je devrais disparaître, car ma présence donne une fausse impression de sécurité aux Canadiens.

« Non, nous ne sommes pas un pays extraordinaire en matière de lutte antidopage. Nos budgets ont même subi de grosses compressions. En fait, notre laboratoire n'aurait pu survivre si ce n'était de sa notoriété sur la scène internationale et de nos nombreux clients à l'étranger. »

Ils mangent mal, ne dorment pas, mais se droguent
Bref, pour la spécialiste, la victoire contre le dopage appartient aux athlètes.

« Nous continuerons de suivre les tricheurs à la trace pour tenter de les démasquer, mais ce sont les athlètes qui doivent prendre leur santé en main », continue Ayotte, visiblement exaspérée par ce qu'elle observe dans le merveilleux monde du sport.

« Dans certains sports, comme le vélo, il y a une sous-culture du dopage, explique-t-elle. La victoire est, dit-on, impossible sans ces substances qui décuplent les capacités du corps humain.

« Toutefois, souvent, ces athlètes ne font même pas leurs devoirs de base pour prendre soin de leurs corps. Ils mangent mal, souvent juste des hamburgers, et ne dorment pas assez ! »

Il n'y a pas de sport propre, mais il y a des athlètes propres, selon Ayotte. Dans certains sports, comme le plongeon, aucun athlète n'a jamais eu un contrôle de dopage positif, mais les experts estiment qu'il faut quand même surveiller de près, la science de la tricherie sportive se raffinant sans cesse.

Enfin, la chevalière de l'antidopage au Canada rappelle qu'on a les athlètes que l'on mérite.

« Dans une société où on calme les enfants avec du Ritalin, soigne la peine avec du Prozac et stimule notre énergie sexuelle avec du Viagra, peut-on s'étonner que les athlètes aient recours aux drogues de performance ? », conclut-elle.


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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