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29 janvier 2006


Jaqueline Mourao a rapidement maîtrisé les particularités techniques
du ski de fond en compagnie de son mari Guido Visser.
photo : Serge Lapointe

Jaqueline Mourao,
une Brésilienne
vite sur ses skis

De Belo Horizonte à Turin via... Saint-Ferréol-les-Neiges

SAINT FERRÉOL-LES-NEIGES ~ Jaqueline Mourao ne se doutait pas qu'en épousant Guido Visser, elle plongeait dans la version extrême de « qui prend mari, prend pays ».

Des articles de Martin Smith

Extrême au point où n'ayant jamais vu de neige avant d'avoir 26 ans (c'était en 2002...), n'ayant pas encore savouré les joies d'une température inférieure à 18 degrés Celsius et comptant tout au plus une quarantaine de journées de ski de fond à son actif, la grande championne brésilienne de vélo de montagne prépare ses valises pour Turin après s'être qualifiée pour les Jeux olympiques d'hiver dans l'épreuve la plus physiquement éprouvante de tous les sports au programme.

« C'est une histoire un peu folle, mais je suis contente de la vivre parce que mes performances inspirent beaucoup de jeunes et de femmes dans mon pays », explique cette ex-mannequin qui va devenir la première athlète féminine du Brésil à participer tant à une présentation hivernale qu'estivale des Jeux olympiques.

À Athènes, le 27 août 2004, Jaqueline Mourao a pris le 18e rang de l'épreuve olympique de cross-country en vélo de montagne.

La Brésilienne a franchi la ligne d'arrivée 16 minutes après la médaillée d'argent québécoise Marie-Hélène Prémont, sa désormais concitoyenne dans la région du mont Sainte-Anne.

« Sans une crevaison tôt dans la compétition, Jaqueline aurait fini pas mal plus haut », affirme Visser.

Mariage et qualification médiatisés
Trois mois après la fin des Jeux, Mourao unissait sa destinée à celle de Guido Visser lors d'une cérémonie qui s'est déroulée à Belo Horizonte, quatrième plus grande ville du pays située à environ 325 kilomètres au nord de Rio de Janeiro.

Des photos du mariage ont été publiées dans Caras, équivalent brésilien du magazine français Paris-Match. Faut dire que Jaqueline est une ex-mannequin et une personnalité sportive connue à travers le pays.

Quatorze mois plus tard, plus précisément le 16 janvier dernier, l'annonce officielle de sa qualification historique pour les J.O. de Turin a déclenché une avalanche médiatique dans son pays. Le plus grand réseau public de télévision en a même fait la «Une » de son bulletin de nouvelles.

« Jaqueline est une athlète surdouée », explique Visser qui a été rendu célèbre par son humour décapant malgré ses performances en queue de peloton dans les épreuves de ski de fond aux J.O. de Nagano.

« Néanmoins, je ne pensais jamais qu'elle serait capable de skier comme elle le fait maintenant. On a regardé récemment une vidéo des épreuves de ski de fond aux J.O. de Calgary et on a constaté que Jacqueline possède déjà une meilleure technique que celle de Pierre Harvey à l'époque. »

Les descentes raides demeurent son talon d'Achille, mais elle compense amplement par une forme explosive dans les montées.

Le plan initial était que le couple se qualifie ensemble et porte les couleurs du Brésil lors des J.O. de Vancouver en 2010 après que Guido eut acquis sa citoyenneté brésilienne.

« Cependant, après seulement trois jours de ski de fond à Saint-Ferréol en avril dernier, Jaqueline était tellement mordue qu'elle a préféré foncer tout de suite », raconte Visser.

À Turin, elle pourra prendre part à une seule épreuve et a choisi le 10 km classique où elle visera un chrono de 35 minutes, environ 10 minutes de plus que la future médaillée d'or. Une performance très respectable dans les circonstances.

« Je ne finirai pas dernière », promet-elle avec un grand sourire.


Jaqueline Mourao est à se tailler une place de choix dans l'histoire olympique de son pays.
photo : Serge Lapointe

Elle aime l'hiver...
le froid en moins !

Martin Smith

SAINT-FERRÉOL-LES-NEIGES La réaction de Jaqueline Mourao a été typiquement québécoise quand elle a mis le nez dehors par moins 15 Celsius, vendredi aprèsmidi. La Brésilienne a lâché un retentissant « I' fait frette ! »

Il ne faudrait pas y voir une aversion pour le froid et l'hiver.

« J'aime quand il y a de la neige dans les arbres, dit-elle. J'aime voir les gros flocons, le givre sur le pare-brise de l'auto... »

Son sang brésilien n'est cependant pas encore conditionné aux rigueurs du froid. Elle raconte se geler les mains plutôt rapidement mais ne se décourage pas pour autant.

« J'ai hâte d'aller dehors à moins 30 », dit-elle, les yeux brillants.

Première Brésilienne à monter sur un podium puis à remporter une manche de Coupe du monde de vélo de montagne, l'ex-mannequin s'est vite habituée à l'hiver et n'a pas volé sa place à Turin.

Pour y arriver, elle a dû participer à cinq courses internationales et battre deux autres compatriotes qui reluquaient aussi la seule place réservée au Brésil en ski de fond.

« Jamais je n'aurais pensé me retrouver avoue-t-elle. Chez nous, le ski est seulement pour les riches. »

C'était compter sans Guido Visser qui explique lui « avoir fait goûter au ski de fond sous toutes ses formes comme nul autre n'aurait pu le faire. »

On verra bien ce que ça donnera Turin...


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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