26 avril 2006
Bicycles du terroir
Olivier Bossé
Nous sommes en 2006 après J.-C. Tout le marché du vélo est occupé par le made in China. Tout ? Non ! Un petit groupe formé d'irréductibles artisans résistent encore et toujours à l'envahisseur...
Yannick Normand fabrique des bicyclettes depuis 14 ans. Comme Astérix au cœur de l'Empire romain, il constitue un anachronisme dans un univers globalisé. Dans son atelier, au fond de la cour de sa maison de Lac-Beauport, l'homme de 38 ans cogite, imagine, crée, conçoit, invente, dessine, découpe, compose, élabore, mesure, soude, produit, construit, confectionne, visse, assemble, fixe, fignole, polit et peint des vélos de A à Z.
« Dans les boutiques, c'est au cycliste à s'adapter au vélo, expose Normand. Pourquoi ça ne serait pas plutôt au vélo à s'adapter au cycliste ? Avec mon vélo, le client est certain d'avoir une machine parfaitement conçue pour ses besoins. »
Ça n'a rien du hasard si cet artiste de la bécane a nommé son entreprise La Main du cyclisme et sa marque de vélos Symbiosis. La relation entre l'humain et la machine le fascine. Passionné des véhicules à propulsion humaine, il a même déjà fabriqué une... chaise roulante !
La fin des souffrances
En fait, une philosophie plus large sous-tend son action. « Nous sommes en train de perdre nos compétences, et nos emplois, en envoyant nos productions dans les pays asiatiques. C'est comme ça dans tous les domaines. À ça, j'oppose la fabrication locale, artisanale et équitable. Je suis comme le gars de Stoneham qui élève lui-même ses canards pour faire du foie gras », résume le détenteur d'un baccalauréat en psychologie et d'une maîtrise en philosophie.
Fabricant des vélos Général Bicycles, à Beauport, Nicolas Cliche est plus tranchant. « Les gens reconnaissent la médiocrité et ils cherchent des réponses. C'est ce qu'on leur offre. »
Et au-delà des considérations philosophiques, il y a cette chose qu'on appelle le corps humain. Les cyclistes ne sortent pas tous d'un moule unique. Les vélos, eux, ont des dimensions assez standardisées. Parfois, les simples ajustements de la selle et du guidon ne suffisent pas. « Le faitde changer la position du cycliste redistribue le poids différemment et le vélo ne se comporte plus comme il le devrait, parce qu'il a été conçu pour une position type », élabore Guillaume Désy, artisan des vélos Cycles Golem.
Il y a aussi cet inconfort récurrent qui vous assaille au terme de chaque randonnée. « Plusieurs personnes se disent “j'ai mal, mais c'est normal”, avance Normand. Ce n'est pas normal ! Dans une voiture, quand le siège est trop loin, tu l'avances. Pourquoi pas avec un vélo ? Les cyclistes ne doivent pas accepter d'être mal sur leur vélo. »
Un vélo de route «sur mesure» se vend à partir de 2000$, tandis que la version de montagne avoisine 3000$, à cause du système d'amortisseurs. Un cadre seul se détaille autour de 1000$. Ce qui n'est pas à la portée de toutes les bourses. « La plupart de mes clients savent ce qu'ils veulent, concède Normand. Ils n'en sont pas à leur premier vélo. Même qu'ils en sont souvent à leur dernier. »
www.lamain.ca
www.cyclesgolem.com
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