15 mai 2006
L'industrie canadienne du vélo ne tourne pas rond. En cinq ans, le nombre de bicyclettes fabriquées au pays a chuté de plus de moitié, tandis que les importations asiatiques ont doublé.
« Nous continuons de nous battre de façon inégale contre la Chine, la Thalande, Taïwan, les Philippines et le Vietnam, qui envahissent notre marché en faisant du dumping », confie en entrevue au Journal de Montréal le président de Procycle, dans la Beauce, Raymond Dutil.
Il fait valoir que le nombre de vélos fabriqués au Canada, principalement au Québec (Procycle et Raleigh, en Estrie), est passé de 700 000 en 2001 à 300 000, en 2005.
Au cours de cette période, les expéditions de vélos asiatiques au Canada ont bondi de 100 %, passant de 600 000 unités, en 2001, à 1,2 million, en 2005.
Appui réclamé
En septembre 2005, à la suite d'une plainte déposée par Procycle et le fabricant Raleigh (en Estrie), le Tribunal canadien du commerce extérieur (TCCE) a conseillé au gouvernement fédéral d'imposer une surtaxe sur les vélos fabriqués en Asie.
Cette surtaxe ne viserait que les vélos dont le prix, au départ de l'usine, est de moins de 225 $.
En vertu de cette surtaxe, les fabricants étrangers devraient ainsi verser une surtaxe de 30 %, la première année, de 25¨% la deuxième et de 20 % la troisième année.
Or, en dépit de la recommandation du Tribunal, la surtaxe n'est pas encore en vigueur, et les fabricants canadiens s'impatientent.
« Nous avons besoin de l'appui du gouvernement Harper, qui tarde à faire appliquer cette mesure. Nous souhaitons qu'Ottawa prenne position, et rapidement. Cela nous donnerait un peu de répit », précise M. Dutil.
Détaillants opposés
Le cri d'alarme des manufacturiers ne fait toutefois pas l'unanimité chez les détaillants indépendants qui vendent des vélos fabriqués en Asie.
L'Association qui les représente craint que des emplois soient éliminés dans les boutiques de vélos si la surtaxe de 30 % entre en vigueur. Cette surtaxe, selon les détaillants, risque de faire gonfler le prix des vélos importés et de ralentir les ventes.
Les importateurs sont également farouchement opposés à cette surtaxe. Specialized Canada a déjà qualifié cette surtaxe «d'absurde», faisant valoir que les importations de vélos asiatiques sont déjà frappées par des frais de douane de 13 %.
Un dossier à suivre.
Yvon Laprade
Le dollar canadien à 90 cents US sert la cause des petits fabricants de vélos canadiens qui achètent leurs pièces en Asie, selon Raymond Dutil, président de Procycle.
« C'est simple, dit-il. Les pièces sont payées en dollars américains, et comme on sait que l'écart est de plus en plus mince avec le dollar canadien, cela représente d'importantes économies. »
Il souligne qu'à l'inverse, Procycle n'a pas cet avantage « puisque nous fabriquons en grande partie au Canada ».
Il se dit même désavantagé par la force du huard puisque le manufacturier expédie un fort volume de vélos Rocky Mountain aux États-Unis.
« Nous sommes payés en dollars américains, et plus notre dollar monte, moins on fait de profits », calcule-t-il.
Prix stables
M. Dutil constate, par ailleurs, que le prix moyen des vélos « n'a pas tellement augmenté» depuis une dizaine d'années.
« Un vélo de montagne qui se vendait 600 $ est à peu près au même prix, aujourd'hui, et sa qualité est supérieure.
«C'est la même chose pour un vélo 10 vitesses bas de gamme, qui coûte sensiblement le même montant (125 $).
« C'est que les pièces fabriquées en Asie coûtent moins cher, et qu'il en coûte aussi moins cher pour payer les fournisseurs en dollars canadiens », dit-il.
• Un vélo de 225 $ fabriqué dans une usine de Taïwan, par exemple, est vendu au détail environ 400 $ au consommateur (dans un magasin Canadian Tire) et environ 650 $ dans une boutique spécialisée.
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