21 mai 2006
Première partie
En cette fin de journée de mai, une marcheuse aurait peut- être vu le nid-de-poule dans l'asphalte au coin, de l'Acadie et Gouin, mais pas une joggeuse rapide comme Isabelle. Elle n'était plus à présent qu'à quelques mètres du trou. Le hasard voulut que sa cheville s'y enfonce et s'y torde. Diagnostic: entorse de la cheville. Nathalie a dû patienter deux mois avant de jogger de nouveau.
François aussi s'est blessé en pratiquant son sport favori, le tennis. Une blessure différente cependant, qui est apparue insidieusement au fil des mois. Au début, ce n'était qu'une vague douleur au coude, que François avait ignorée puisqu'elle ne l'empêchait pas de frapper la balle. Puis, un jour, la douleur devint si forte qu'il ne parvenait même plus à serrer le manche de sa raquette. Diagnostic: épicondylite. Une blessure qui valut à François une abstinence totale de tennis pendant quatre longs mois.
Isabelle et François ont été victimes de blessures associées à l'exercice physique. Heureusement, ces blessures sont, en règle générale, mineures. On peut même les prévenir bien souvent et les traiter plus efficacement lorsqu'on les connaît mieux. Une tâche beaucoup plus simple qu'il n'y paraît puisque la plupart de ces blessures se divisent en deux grandes catégories: les blessures aiguës et les blessures chroniques.
La blessure aiguë
L'entorse dont a été victime Isabelle est l'exemple classique de la blessure sportive aiguë. Il a suffi d'un traumatisme, dans ce cas-ci une cheville tordue, pour qu'apparaissent brutalement douleur et enflure. Les blessures aiguës les plus répandues sont l'entorse (ligament endommagé) et le claquage musculaire (déchirure du muscle). Si vous deviez être victime d'une telle blessure, cessez immédiatement toute activité physique et évitez de bouger le membre blessé. Dès que possible, appliquez sur la blessure (sauf s'il y a une plaie ouverte) de la glace enveloppée dans une serviette. Évitez le contact direct de la glace avec la peau. Ne laissez pas la glace plus de 20 minutes d'affilée sur la blessure ou retirez-la avant si vous sentez que la peau est engourdie. Répétez l'application de glace toutes les deux ou trois heures pendant une journée ou deux, peut-être trois. Le froid réduira l'inflammation. Si l'enflure est très importante, il vaut mieux vous rendre le plus tôt possible à l'hôpital puisqu'il peut s'agir d'une entorse sévère qui requiert des soins médicaux.
La blessure chronique
La blessure qui apparaît petit à petit, comme celle de François, est une blessure chronique (ou d'usure) causée par des microtraumatismes. Le principal symptôme est une douleur persistante qui apparaît habituellement pendant ou après l'effort. Alors ne négligez pas cet indice, car une blessure chronique non traitée va empirer rapidement et à tel point que, bientôt, vous ne pourrez plus pratiquer votre activité physique favorite. Cordonnier mal chaussé, j'ai expérimenté malheureusement la chose il y a quelques années !
La blessure chronique de loin la plus fréquente est la tendinite, suivie de la bursite et de la périostite. La tendinite est une inflammation du tendon du muscle tandis que la bursite se caractérise par une inflammation de la bourse séreuse qui loge derrière le tendon.
Un mot sur cette bourse. Il s'agit d'un petit coussin gélatineux qui facilite le glissement du tendon sur l'os ou entre deux tendons. Nous avons ces petites boules à la hanche, au genou, au coude et à l'épaule. Étant donné que la bourse séreuse loge derrière un tendon, on confond souvent bursite et tendinite tellement les symptômes se ressemblent. Il existe toutefois une différence majeure: en palpant la zone douloureuse, on peut (mais pas toujours) sentir une petite boule sous les doigts.
Quant à la périostite, il s'agit d'une inflammation de l'enveloppe de l'os, le périoste. Cette blessure est fréquente chez les joggeurs et chez ceux qui pratiquent des sports où l'on saute beaucoup (volleyball et basketball, par exemple). J'y reviendrai dimanche prochain. En localisant la douleur, on sait si on a affaire à une blessure musculaire ou osseuse. Une douleur sur la face externe (ou partie molle) du devant de la jambe révèle une blessure des muscles fléchisseurs de la cheville. Une douleur sur la face interne (ou partie dure) de la jambe indique plutôt une fracture de stress du tibia ou une périostite.
Traiter les blessures chroniques
Si vous croyez être victime d'une blessure chronique, vous devez faire trois choses pour éviter une aggravation de la blessure et guérir rapidement. Cessez d'abord de pratiquer l'activité qui vous cause cette douleur, tant et aussi longtemps que celle-ci ne sera pas totalement disparue. (L'application de glace accélérera la guérison.) Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire, mais c'est ce qu'il faut faire en priorité. Dans l'intervalle, choisissez une activité physique qui ne sollicite pas le membre blessé. Par exemple, si vous souffrez d'une tendinite de l'épaule à cause du badminton, faites du patin à roulettes ou du jogging. Vous conserverez votre forme tout en reposant votre épaule. Enfin, vous devez trouver la cause de votre blessure si vous voulez éviter toute récidive. Une mauvaise technique, le surentraînement (trop c'est comme pas assez) ou encore une faiblesse biomécanique- rotule instable, déviation vertébrale, pieds arqués, jambes de longueurs inégales, etc.- peuvent causer une blessure d'usure. Toutefois, si la douleur devait persister, consultez un médecin ou un physiothérapeute spécialisé dans le traitement des blessures sportives.
La suite dimanche prochain où le thème sera: tel sport, telle blessure.
Froid ou chaleur ? La règle est simple : toujours le froid en premier suivi de la chaleur lorsque l'inflammation est maîtrisée, habituellement 36 à 48 heures plus tard. Pourquoi ce protocole ? Parce que dans la phase aiguë d'une blessure, l'application de glace freine l'hémorragie interne : les vaisseaux sanguins se contractent sous l'effet du froid. Cela entraîne une diminution de l'inflammation et de la douleur. On peut utiliser des cubes de glace enveloppés dans un linge, un sac de pois congelés ou les compresses à base de gel (Gelpack, Freeze Pak, etc.).
Lorsque l'oedème s'atténue, on passe aux compresses chaudes : elles augmentent l'irrigation sanguine qui apporte les matériaux indispensables à la réparation des tissus blessés. Cela permet aussi aux fibres collagènes du tendon ou du ligament de devenir plus élastiques et, par conséquent, plus obéissantes aux exercices de rééducation. Le port d'un bandage qui garde au chaud l'articulation est souhaitable dans les semaines qui suivent la guérison. Un dernier point : aucun massage pendant la phase aiguë d'une blessure : vous ne feriez qu'aggraver la lésion et stimuler l'hémorragie.
page mise en ligne par SVP
Consultez
notre ENCYCLOPÉDIE sportive