Une petite leçon de "vélo" datant de la fin du 19ème siècle.
Avertissement : ce sont les connaissances scientifiques ou techniques de 1895.
La vogue de la bicyclette va sans cesse en croissant. Beaucoup de personnes cependant hésitent à se livrer à ce passe-temps si agréable et si utile, parce qu'elles en redoutent l'apprentissage. Il importe de rassurer ces timides en leur affirmant cette vérité : l'exercice du cycle est de beaucoup le plus facile à apprendre de tous les exercices du corps. C'est la peur surtout qui occasionne les chutes.
Les débuts
Les deux difficultés – assez légères – du début sont : le mouvement de rotation qu'il faut imprimer aux pédales (cette difficulté est moindre pour les personnes qui sont montées à tricycle) et la direction. C'est pour l'apprentissage de la direction que l'aide d'un cycliste un peu exercé est nécessaire.
Choisissez de préférence un terrain uni, légèrement en pente, de façon à ce que la machine roule plus facilement. L'effort à faire sur les pédales sera moins grand. Le mouvement de vos jambes sera plus régulier et occasionnera moins d'à-coups dans la marche.
Veillez pendant la marche à ne pas vous cramponner au guidon, sur lequel les mains devront agir légèrement. Si la machine penche à droite ou à gauche, vous tournerez le guidon du côté où elle penchera, afin de la redresser. Puis vous reprendrez insensiblement la nouvelle direction.
Il est bon de regarder droit devant soi, dans la direction où l'on veut aller. Les commençants vont quelquefois se butter contre les tas de pierres ou les trottoirs, parce qu'ils ont l'imprudence de fixer des yeux ces obstacles, et que les mouvements du corps et des membres suivent machinalement la direction des yeux. Il faut donc ne pas quitter de l'oeil la route qu'on veut suivre pour éviter l'obstacle.
Le pied doit être chaussé aux deux tiers sur la pédale, à peu près comme le pied du cavalier dans l'étrier : c'est la partie extrême de la plante qui repose sur la pédale. On doit éviter de rentrer le talon en dedans. Le pied doit être parallèle à la chaîne.
La selle
Au début, la selle doit être assez bas, de façon à enfourcher plus commodément la machine. Peu à peu, à mesure que les progrès augmentent, on élève la selle à sa hauteur normale, qui se délimite ainsi : le cycliste étant en selle et la pédale au bas de sa course, il doit pouvoir poser, sans tendre exagérément la jambe, le talon sur la pédale.
Le départ
Pour démarrer seul, on place la selle assez basse, comme il est dit plus haut. On se place à gauche de la machine (on doit monter indifféremment des deux côtés mais les commençants ont une plus grande facilité à monter à gauche). On incline légèrement la machine à gauche, la pédale droite ayant un peu dépassé le haut de sa course.
On s'assoit sur la selle, et l'on pose le pied droit sur la pédale. On appuie assez fortement sur la pédale droite pour mettre la machine en mouvement. On quitte terre en même temps, avec un légère impulsion du pied gauche, qu'on pose ensuite sur la pédale gauche.
Le marchepied
Pour monter par le marchepied, qui dans certaines machines se trouve à gauche du moyeu de la roue motrice, on pose le pied gauche sur le marchepied. Avec le pied qui pose à terre et en maintenant le guidon droit, on donne une impulsion à la machine. On s'enlève sur le marchepied pour se mettre en selle, et l'on entretient le mouvement en plaçant les pieds sur les pédales.
Les cyclistes plus exercés montent sur leur machine par la pédale. On met la machine en mouvement en faisant deux ou trois pas à coté d'elle et en la poussant par le guidon. On pose le pied sur la pédale au moment où, arrivée en bas de sa course, elle commence à remonter. On prend un léger point d'appui avec les mains sur le guidon, et l'on se met en selle en passant la jambe droite à droite par-dessus la roue de derrière.
La pédale
Pour descendre de machine, le moyen le plus pratique est de descendre par la pédale. On ralentit le mouvement de la machine, on quitte la selle en s'élevant par le guidon, qu'on maintient droit. On pèse sur la pédale gauche un peu avant le bas de sa course. On passe la jambe droite par derrière la selle, et l'on met pied à terre du pied droit, légèrement.
La conduite
On vire à droite ou à gauche par le mouvement du guidon, grâce aussi à l'action du corps et des pédales. Les mouvements que l'on arrive à combiner instinctivement ne peuvent être l'objet de descriptions rigoureuses.
Le guidon doit être placé assez bas, de façon à ce que le corps étant très légèrement penché en avant, sans être ployé, les bras soient légèrement tendus.
Pour descendre les côtes, les débutants doivent se montrer très prudents et ralentir le mouvement de la machine en pesant sur les pédales quand elles remontent. Le frein le plus efficace est la prudence du cycliste.
Les vêtements
Les vêtements les plus convenables pour les longues promenades sont le casque de liège bien aéré ou le chapeau de paille, le jersey de grosse laine, la culotte très large et dégageant le genou, les bas repliés au-dessous du genou, les souliers à semelles souples et à talons plats.
Source et illustrations : Almanach Hachette 1895
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