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25 juin 2006

Prémont n'a pas reconnu sa piste

Marie-Hélène Prémont était facilement repérable dans la salle de presse de la Coupe du monde de vélo de montagne du mont Sainte-Anne, hier matin. Bien sûr, il y avait cet éternel sourire et ces yeux bleus acier. Mais elle était aussi la seule dont le corps était recouvert de bouette.

Prémont descendait à peine de son vélo. Elle venait de reconnaître le parcours en vue de l'épreuve de cross-country qui sera présentée ce matin.

Normalement, c'aurait été une opération de routine. Après tout, le mont Sainte-Anne est comme la cour arrière de la cycliste de Château-Richer. Elle en connaît tous les racoins, la moindre aspérité et les trajectoires de virage optimales.

Mais une désagréable surprise attendait Prémont hier matin. Arrosée par la pluie au cours des derniers jours, la piste s'est passablement détériorée après le passage de plusieurs centaines de cyclistes, vendredi, dans le cadre de la Coupe du Québec, l'un des innombrables événements du Vélirium, le méga-festival cycliste se déroulant sur trois week-ends dans la Vieille Capitale.

« Tout a été démoli, a rapporté Prémont, un peu dépitée, en s'assoyant avec le représentant de La Presse. J'ai roulé dessus en début de semaine et c'est carrément un autre parcours. Les trajectoires ne sont plus les mêmes. Les racines ont sorti. À mon premier tour ce matin, j'ai lâché une couple de gros mots... C'est un peu choquant. Je l'aimais ce parcours, j'étais super à l'aise dedans. »

Voilà pour l'avantage du terrain.

Mais la médaillée d'argent des Jeux olympiques d'Athènes ne s'en faisait pas pour autant. Déjà exigeant sur le plan technique, le parcours le sera davantage avec les sillons creusés vendredi. « J'aime les parcours techniques. Je sais que ça peut m'avantager », a évalué Prémont.

Les attentes sont énormes envers ce pur produit du mont Sainte-Anne- elle a eu la piqûre du vélo de montagne en faisant du bénévolat lors de la Coupe du monde il y a une dizaine d'années.

Après son podium olympique en août, Prémont a vécu une expérience presque aussi enivrante en l'emportant ici à la même date l'an dernier.

Déjà enviable, son indice de notoriété, pour emprunter au langage marketing, a alors atteint son paroxysme. Déjà, hier, l'animateur conviait les spectateurs à la «Journée Marie-Hélène Prémont» dans les haut-parleurs. La cycliste de 28 ans a dû retarder le début de son entraînement d'une quarantaine de minutes afin de répondre aux nombreuses demandes d'autographes de ses jeunes partisans.

Dans la foulée de ses récents succès, Prémont a aussi signé des contrats lucratifs avec l'équipe Rocky Mountain/Business Objects et Familiprix. Ces ententes la mèneront jusqu'aux Jeux de Pékin, en 2008. Une fondation et une véloroute portent également le nom de la championne des Jeux du Commonwealth de Melbourne.

Toute cette attention ne semble pas déranger Prémont. Elle compte sur l'aide de sa soeur Caroline pour trier les demandes et elle refuse de mettre tous ses oeufs dans le même panier.

Ainsi, après un baccalauréat en kinésiologie, elle a entrepris des études en pharmacie à l'Université Laval. Elle consacre aussi du temps à son copain de longue date - avec qui elle compte fonder une famille après les JO de Pékin - et à sa maison nichée sur un coteau de Château-Richer. « Il y en a qui axe tout leur vie autour du vélo. Je ne veux pas embarquer là-dedans », explique celle qui occupe le troisième rang au classement cumulatif de la Coupe du monde. Aujourd'hui, toutefois, Prémont est toute au vélo.

Pas le choix si elle veut tenir en respect son éternelle rivale, la Norvégienne Gunn-Rita Dahle, championne olympique et gagnante de trois des quatre premières épreuves cette saison. Le Français Julien Absalon a lui aussi signé trois victoires et partira à titre de favori chez les hommes plus tard cet après-midi.

Les Canadiens Geoff Kabush, Seamus McGrath et Mathieu Toulouse n'ont pas vraiment d'espoir de monter sur le podium. Les deux premiers viseront une place parmi les 20 premiers. Toulouse, lui, voudra survivre. Tenaillé par des problèmes de santé qui ont gâché sa saison jusqu'ici, le Montréalais se demandait même, hier, si l'idée de prendre le départ était la bonne. Mais comment tirer un trait sur la seule épreuve de Coupe du monde de vélo de montagne à se tenir en Amérique du Nord ?


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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