26 juin 2006

Les dirigeants de Mont-Sainte-Anne n'auront pas à se creuser les méninges bien longtemps pour trouver un nom à une éventuelle nouvelle piste.

Si «La Mélanie Turgeon» existe déjà, on ne voit pas pourquoi «La Marie-Hélène Prémont» ne viendrait pas agrémenter le carnet des pistes de la station-reine de la région de Québec.

Tenez, pourquoi ne pas rebaptiser «Le Gros Vallon», là où Prémont a déployé toute l'étendue de ses habiletés de grimpeuse et de pilote, hier, en route vers sa deuxième victoire consécutive à la Coupe du monde de vélo de montagne du Mont-Sainte-Anne.

C'est aussi là, dans le dernier tour, où Prémont, alors deuxième, a dépassé Gunn-Rita Dahle, lâchant la Norvégienne avant le Zigzag de la marmotte, un nouveau secteur rappelant vaguement un col en vélo sur route... la boue, les grosses roches et le gravier en plus.

Trois kilomètres et demi plus loin, Prémont a franchi le fil d'arrivée seule, avec une confortable avance de 57 secondes sur Dahle, multiple championne du monde et médaillée d'or olympique.

« Gunn-Rita domine depuis plusieurs années. C'est vraiment valorisant de la battre chez moi », a confié Prémont après avoir sablé le champagne, soulagée de voir s'envoler une pression qui lui pesait un peu depuis deux semaines.

L'Allemande Sabine Spitz a surmonté une culbute par-dessus son guidon pour se classer troisième, à 1 minute 34 secondes de Prémont.

Les suivantes ont fini à quatre minutes et plus, ce qui témoigne du gouffre séparant les meilleures du reste du peloton. À noter, quand même, la sixième place de la Chinoise Ren Chengyuan, 19 ans seulement. Il ne faudrait pas s'étonner de la voir batailler pour le podium aux Jeux olympiques de Pékin, en 2008.

À la limite
L'épreuve d'hier s'est déroulée selon un scénario identique à celui de l'an dernier.

Fidèle à son habitude, Rita-Dahle, 33 ans, est partie comme une flèche dans la première des cinq boucles de cinq kilomètres. Prémont, 28 ans, ne lui a pas laissé trop de corde, sachant qu'un écart de plus de 45 secondes serait très difficile à combler. «Je voulais que Gunn-Rita sente que j'étais dans une bonne journée», a-t-elle aussi expliqué.

Ces efforts ont néanmoins coûté à la Québécoise lors du tour suivant alors qu'elle a dû poser pied à terre à deux reprises dans le Zigzag de la marmotte.

« Dans le premier tour, j'étais à la limite, mais je savais que je ne sauterais pas complètement, a relaté Prémont. Quand tu es à la limite, tu es un peu moins concentrée et c'est là que tu peux commettre des petites erreurs techniques. Il a fallu que je me remette dans ma bulle. À partir du troisième tour, je me suis mise à me sentir de mieux en mieux. »

Déterminée, Prémont a graduellement comblé l'écart la séparant de la meneuse, laissant croire aux quelque 12 000 spectateurs que la victoire était possible malgré des signaux contraires en début de course. Quand elle a distancé Dahle, la clameur provenant du Zigzag de la marmotte, où plusieurs centaines de spectateurs étaient postés, a été entendu dans toute la montagne.

« Il fallait que je la passe vite pour ne pas qu'elle ait l'idée de s'accrocher », a souligné Prémont.

Sa rivale n'en avait tout simplement pas les moyens, comme elle l'a expliqué plus tard en entrevue : « Je ne pouvais pas vraiment me battre quand Marie m'a dépassée. J'étais au maximum depuis le début. Je ne pouvais en donner plus. »

Auteure de trois victoires en quatre épreuves de Coupe du monde depuis le début de la saison, Dahle s'est dite très satisfaite de cette deuxième place. « J'ai senti dès le premier tour que je n'avais pas ma vitesse habituelle. Mon but était de finir parmi les trois premières pour conserver mon avance en tête du classement de la Coupe du monde. Je suis contente. J'ai tellement gagné. J'espère seulement que Marie savoure ce moment parce que c'est spécial. »

Emballée par le parcours, l'organisation et l'ambiance, la Norvégienne a émis le souhait que Mont-Sainte-Anne- avec Madrid et Houffalize (Belgique)- s'inscrive comme un rendez-vous incontournable au même titre que les classiques en vélo sur route.

Après 15 ans de succès, ça semble bien parti. Et dans le coeur de Marie-Hélène Prémont, c'est déjà fait.

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