Jérôme Rasetti
HAMBOURG
Amélioration des contrôles, suivi longitudinal des coureurs, loi antidopage: les responsables du cyclisme allemand ont dévoilé dimanche à Hambourg (nord) un arsenal de mesures après le traumatisme causé par la chute pour dopage de l'icône Jan Ullrich.
Il n'a fallu que trois heures de discussions samedi pour que le "sommet de Hambourg" réunissant les responsables du cyclisme allemand, débouche sur un accord.
"Tout le monde est conscient qu'il y a urgence et obligation d'agir", a souligné Christian Frommert, porte-parole de la formation T-Mobile qui a suspendu puis licencié Ullrich, seul Allemand vainqueur du Tour de France. Une décision prise en raison des soupçons le liant au médecin espagnol Eufemiano Fuentes, avant celle de rompre, dimanche, le contrat de son manageur Olaf Ludwig.
"Nous ferons ce qu'il faudra faire: un sport comme le cyclisme avec ses sept millions de licenciés en Allemagne ne peut pas être détruit par quelques coureurs, quel que soit leur renom", a martelé Rudolf Scharping, le président de la Fédération allemande de cyclisme (BDR), initiateur de ce sommet en marge de la Cyclassics de Hambourg.
"Le cas Ullrich nous a tous fait réagir, mais aussi tout ce qui s'est passé en Espagne et le contrôle antidopage positif du vainqueur du Tour de France, Floyd Landis", a poursuivi l'ancien ministre de la Défense du gouvernement de Gerhard Schröder (1998-2002).
Suivi dès 16-18 ans
Le plan de bataille, qui sera à nouveau discuté le 10 août puis en septembre, concerne en premier lieu les contrôles: "Ils sont bons en compétition, quasi-inexistants en période d'entraînement et nous allons y remédier avec des contrôles, sanguin et d'urine", a-t-il insisté.
C'est surtout au niveau du suivi des cyclistes que les responsables allemands se sont montrés le plus intransigeants: ils proposent l'instauration d'un profil, sorte de bulletin médical de chaque cycliste, où seront consignés des données comme l'hématocrite et les globules blancs.
"On pourra voir ainsi, en les comparant de contrôle en contrôle et de saison en saison, si ces variations sont naturelles ou si elles sont le fait de manipulations", a expliqué M. Scharping qui propose que ces données soient recueillies pour "les cyclistes prometteurs dès qu'ils ont 16 ou 18 ans".
Par ailleurs, les responsables allemands ont unanimement réclamé l'adoption d'une loi antidopage "pour permettre à la justice d'intervenir comme elle peut le faire en Italie ou en Espagne", a noté le président de la BDR.
Leur cible n'est pas tant le coureur que "l'homme de l'ombre: aucun sportif ne peut se doper seul. C'est le médecin peu scrupuleux, le soigneur ou le directeur sportif qu'il faut mettre hors circuit", a ainsi relevé l'équipe Gerolsteiner qui propose l'instauration d'un système de licence comme il en existe pour les agents de joueurs dans le football.
Pour M. Scharping, "il n'est pas utopique de penser qu'il y aura une loi antidopage en Allemagne d'ici la fin de l'année", avant de conclure, comme un défi: "L'heure est grave pour le cyclisme, mais aucun sport ne fait plus contre le dopage que le nôtre".
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