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28 juillet 2006

Le vainqueur du Tour pris en défaut

Le cycliste américain Floyd Landis, vainqueur du Tour de France, a échoué à un test antidopage et risque d'être dépouillé de son titre acquis au terme d'une lutte épique. Déjà éclaboussée par une affaire de dopage la veille du départ, la Grande Boucle, dont plusieurs estimaient la virginité refaite dans la foulée de la victoire spectaculaire de Landis, replonge dans la tourmente.

Le contrôle d'un échantillon d'urine de Landis a révélé un niveau anormalement élevé de testostérone/épitestostérone (T:E), a annoncé Phonak, son équipe, dans un communiqué diffusé hier. Le coureur de 30 ans a été suspendu sur-le-champ par celle-ci en attendant une contre-analyse sur un deuxième échantillon d'urine (B), une procédure normale que le coureur a demandée.

«Je suis réaliste», a cependant indiqué Landis dans une entrevue à Sports Illustrated, avouant qu'il ne se faisait aucune illusion sur la possibilité que les résultats de l'échantillon B soient différents.

Landis nie toutefois catégoriquement avoir eu recours à une substance dopante. Il entend faire la preuve que son niveau élevé de testostérone est une condition plutôt commune chez les cyclistes professionnels.

Il a aussi soulevé deux possibilités pour expliquer ce résultat anormal : les injections de cortisone qu'il reçoit pour soulager une hanche droite en piètre état, et un problème de glande thyroïde qui l'oblige à prendre quotidiennement des comprimés depuis environ un an.

Landis a reconnu que son nom sera entaché à jamais. « Malheureusement, je ne crois pas que tout cela va disparaître, peu importe ce qui arrive maintenant, a affirmé l'Américain. Ça semble être une plus grosse histoire que de gagner le Tour. Ce sera donc difficile à faire oublier. Je n'en voudrai à personne si on ne me croit pas. »

Landis prévoit se soumettre à un test endocrinien afin de prouver que son ratio T:E élevé est naturel. Pour ce faire, il a retenu les services d'un médecin espagnol du nom de Luis Hernandez, qui aurait déjà aidé d'autres cyclistes à prouver leur innocence. «Sur des centaines de cas, personne n'a jamais perdu», a affirmé Landis à Sports Illustrated.

Landis souhaite bénéficier de la présomption d'innocence. «Je pense qu'il y a de bonnes chances que je puisse laver ma réputation. Tout ce que je demande, c'est qu'on me donne la chance de prouver mon innocence. Le cyclisme a la manie de faire le procès des gens dans la cour de l'opinion publique avant même qu'ils n'aient la chance de réagir. J'aimerais qu'on présume que je suis innocent jusqu'à ce qu'on prouve que je suis coupable étant donné que c'est de cette façon qu'on procède en Amérique.»

Dans la légende
Si ses arguments ne sont pas retenus par les autorités concernées, Landis pourrait perdre son titre de gagnant du Tour de France au profit de son dauphin, l'Espagnol Oscar Pereiro. Landis deviendrait alors le premier vainqueur du Tour à être déchu de son titre après la fin de l'épreuve. En 1978, le Belge Michel Pollentier, alors porteur du maillot jaune, avait été exclu du Tour à six jours de l'arrivée. Il avait caché une poire contenant une urine exempte de substance interdite.

Au lendemain d'une terrible défaillance, Landis est entré dans la légende du Tour en remportant la 17e étape au terme d'un raid en solo de 130 kilomètres. L'échantillon positif a été prélevé le soir même de cette victoire. Deux jours plus tard, Landis a remis la main sur le maillot jaune de leader de manière définitive en finissant troisième d'un contre-la-montre.

Les rumeurs au sujet d'un contrôle positif de Landis ont commencé à émerger mercredi. L'Union cycliste internationale (UCI) a d'abord annoncé un résultat anormal à un test de dopage mené lors du Tour de France. Le même jour, Landis a raté une course aux Pays-Bas. Il a aussi annulé sa présence à une course présentée hier au Danemark.

Les dirigeants de Phonak ont exprimé leur surprise totale face à ce test positif ainsi que leur confiance envers leur coureur vedette.

«Nous sommes surpris du résultat, mais nous appliquons la procédure du code d'éthique que nous avons signé. Floyd va demander la contre-analyse, mais on ne va plus l'aligner sur les courses jusqu'au moment où l'affaire sera tirée au clair. Si le résultat de l'échantillon B confirme le premier résultat, il y aura licenciement», a déclaré le directeur de l'équipe Phonak, John Lelangue.

Le Tour de France s'était amorcé sous un nuage noir quand, la veille du départ, 13 coureurs avaient été exclus, dont les favoris Jan Ullrich, Ivan Basso et Francisco Mancebo. Ils seraient impliqués dans un réseau de dopage mis au jour par la police espagnole dans le cadre de l'opération Puerto.

Le fameux raid de Landis, le 20 juillet jusqu'à Morzine, annonçait une embellie en jaune. Revoilà la plus célèbre course cycliste du monde dans une zone grise.


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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