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28 juillet 2006

Explications douteuses

Floyd Landis devra fouiller dans son passé s'il souhaite faire la preuve de son innocence.

Christiane Ayotte, directrice du Laboratoire de contrôle du dopage de l'INRS-institut Armand-Frappier, rejette catégoriquement deux arguments invoqués pour sa défense par le cycliste américain dans une entrevue accordée au magazine Sports Illustrated. Des injections de cortisone pour atténuer la douleur à une hanche nécrosée et des comprimés avalés pour réguler son niveau d'hormones thyroïdiennes pourraient expliquer son test positif, selon Landis.

« Ça n'a pas de rapport, a tranché la Dre Ayotte lors d'un entretien téléphonique, hier. Advenant le cas où on serait devant un taux de testostérone naturellement élevé - et que Landis n'aurait jamais été au courant -, on peut comprendre son désarroi. Cela dit, après les investigations de base, s'il s'agit vraiment d'un cas de dopage, on a droit aux explications usuelles. Ni la cortisone ni l'hormone thyroïdienne n'ont un rôle à jouer dans l'excrétion de la testostérone. »

Un athlète est déclaré positif à la testostérone quand son ratio testostérone/épitestostérone (T:E) est plus élevé que 4:1. En général, l'être humain normal a un ratio de T:E de 1:1.

Selon la Dre Ayotte, il est courant de voir des athlètes mâles avec un ratio plus élevé que 4:1. Sur 32 000 échantillons d'urine d'athlètes masculins, on a déterminé que 1% était au-dessus de 4:1, d'où la prudence.

« Si Landis a effectivement un ratio de T:E naturellement plus élevé que la moyenne des gens, il sera bien facile de l'établir à partir de ses échantillons urinaires prélevés au cours des dernières années », précise Mme Ayotte.

« On a toute cette information. Ce sont des données mesurées systématiquement. Ils vont regarder les résultats du T:E dans les autres tests. On fait ça automatiquement et on a tout ça en banque. C'est la première chose que l'on doit faire dans un cas de testostérone. »

« Je n'ai jamais vu chez un athlète masculin une augmentation du T:E et de la testostérone qui n'était pas due au dopage. Si la moyenne est à 1:1 et qu'on se retrouve à 10, c'est du dopage. Il ne peut y avoir de variations significatives de façon naturelle. »

Landis prévoit se soumettre à un test endocrinien diligenté par un médecin espagnol du nom de Luis Hernandez.

Au moins deux coureurs ont pu être innocentés grâce à cette méthode. En 1999, le Colombien Santiago Botero a réussi à prouver que ses taux élevés de testostérone étaient naturels. Le médecin l'ayant aidé dans ses démarches n'est nul autre qu'Eufemiano Fuentes, le même qui est au centre du présumé réseau de dopage sanguin en Espagne.

L'Espagnol Inigo Landaluze, vainqueur du Critérium du Dauphiné en 2005, n'a pas été suspendu par sa fédération malgré un contrôle positif à la testostérone. Il a d'ailleurs pris part au dernier Tour de France, terminant troisième de la 10e étape. L'Union cycliste internationale a cependant fait appel de cette absence de sanction devant le Tribunal arbitral du sport.

Les procédures

- L'échantillon urinaire A de Floyd Landis a révélé un taux inhabituel de testostérone/épitestostérone. L'Union cycliste internationale (UCI) a informé mercredi l'équipe Phonax, la Fédération américaine de cyclisme, l'organisation antidopage américaine (ASAD) et l'Agence mondiale antidopage (AMA).

- Landis demandera une contre-expertise sur l'échantillonB, qui sera faite par le même laboratoire. En attendant, il est suspendu par Phonax. Si le test est négatif, Landis est blanchi.

- Si l'échantillon B se révèle positif, Phonax appliquera le code d'éthique de l'UCI et congédiera Landis. Les sanctions disciplinaires seront prises par la Fédération américaine de cyclisme.

- Landis pourra se présenter devant sa fédération en compagnie d'experts pour présenter sa défense. Il pourrait par exemple passer des tests endocriniens pour démontrer que la présence de testostérone dans son organisme est naturelle.

- La Fédération rend son jugement et applique, si nécessaire, les sanctions disciplinaires recommandées par l'UCI. S'il est déclaré coupable, Landis sera dépouillé de son titre au Tour de France et suspendu pour deux ans. L'AMA peut de son côté faire appel devant le Tribunal arbitral du sport si elle juge que la décision finale n'est pas conforme avec le code mondial antidopage.


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Guy Maguire, webmestre, SVPsports@sympatico.ca
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