3 août 2006
Le médecin du cycliste américian confirme que son taux de testostérone était « bien au-dessus de la limite » permise.
L'image fait penser à celle d'un animal blessé qui se terre pour panser ses plaies. Floyd Landis est retourné chez lui hier, en Californie, en attendant de connaître son sort de champion du Tour de France. L'étau se resserre autour de lui. Son médecin a confirmé que son taux de testostérone était « bien au-dessus de la limite » permise.
Les scientifiques semblent maintenant s'entendre pour dire que les chances que Floyd Landis soit encore champion du Tour de France samedi, après le dévoilement des résultats du second échantillon analysé, sont bien minces. Voire nulles.
Hier, c'est le médecin de Landis lui-même qui a confirmé la rumeur voulant que la concentration de testostérone observée dans le premier échantillon d'urine soit trois fois plus élevée que la limite établie par l'Agence mondiale antidopage. Ce taux est fixé à 4/1 (établi selon le rapport entre les hormones testostérone/epitestosterone). Landis le dépasse largement en affichant 11/1.
« J'ai déjà vu des culturistes avec des taux de 100/1. Celui de Floyd est élevé, mais pas hors limite », a affirmé le médecin de l'Américain à la BBC.
Des foutaises, selon Christiane Ayotte, directrice du laboratoire de contrôle du dopage de l'INRS. « Des résultats anormalement élevés, on en a toutes les semaines. Mais dans ces cas-là, les autres tests présentent des caractéristiques semblables. Alors si Landis était un homme présentant naturellement des taux exceptionnellement élevés, on l'aurait su dans les 24 heures. Cela n'a pas été le cas. »
Cette tuile, c'est la deuxième en deux jours à s'abattre sur le cycliste. Mardi, un médecin de l'Union cycliste internationale a confirmé au New York Times que la testostérone décelée dans le premier échantillon est synthétique.
Cette fois, la Dre Ayotte est catégorique. « Nous sommes devant un cas de dopage classique », dit-elle à l'unisson avec plusieurs scientifiques interrogés par les médias américains et français. L'appareil qui permet de départager la testostérone synthétique de la naturelle est « efficace à 100 % » s'il est bien utilisé, remarque-t-elle. Et le laboratoire de Paris (où les échantillons sont analysés) sait très bien s'en servir.
« L'athlète ne peut plus affirmer que des conditions exceptionnelles ont causé la sécrétion ponctuelle d'une forte quantité de testostérone », ajoute-t-elle.
Les résultats des tests effectués sur le second échantillon- prélevé en même temps que le premier- seront connus samedi. Ce n'est qu'à ce moment que l'Union cycliste fera connaître son verdict sur le sort de Floyd Landis. Il risque de devenir le premier champion du tour de France détrôné pour dopage.
Le plus grand mystère, note Christiane Ayotte, est maintenant de savoir quand et comment Floyd Landis a utilisé la testostérone. Même si les athlètes s'en servent généralement sur de longues périodes pour améliorer leur puissance et reculer le seuil de la fatigue, certains l'emploieraient de manière ponctuelle, le jour même d'une compétition. « C'est une croyance basée sur quelques études datant des années 1970. Des scientifiques avaient noté que chez les culturistes, après un effort physique intense, leur taux de testostérone était légèrement plus faible. Pour compenser, certains en prennent donc avant une compétition », explique l'experte.
Une preuve de cet engouement: les timbres cutanés, les pommades et les comprimés de testostérone que l'on a retrouvés à foison dans les trousses des médecins espagnols interpellés l'an dernier lors de l'opération Puerto. Un tel usage pourrait permettre d'accélérer la récupération de l'athlète, dit Christiane Ayotte. Floyd Landis venait d'effectuer un retour surprenant dans la compétition- après avoir connu une déconvenue la veille- lorsque les échantillons incriminants ont été prélevés.
Synthétique ou naturelle ?
Testostérone synthétique ou naturelle? Un seul test permet de conclure. Il s'agit de l'IMRS, qui s'effectue à l'aide d'un spectromètre de masse, un appareil ultra-précis permettant de distinguer les molécules infiniment petites composant une substance. Dans ce cas-ci, elle permet de trier la testostérone naturelle- dont le carbone possède six neutrons- de la testostérone artificielle, qui en possède sept. Ce test est utilisé depuis la fin des années 1990 dans la moitié des laboratoires antidopages- dont celui de l'INRS à Pointe-Claire. Utilisé selon les règles de l'art, il est efficace à 100 %.
page mise en ligne par SVP
Consultez
notre ENCYCLOPÉDIE sportive