6 août 2006
Toujours désireuse de laver son nom, Geneviève Jeanson, convaincue de dopage à l'érythropoïétine (EPO), devra patienter encore plusieurs mois avant de livrer sa version des faits devant un panel d'arbitres indépendants.
Prévue pour le début du mois d'août, l'audience de l'American Arbitration Association (AAA) sur le cas de Jeanson a été repoussée à la mi-décembre. Elle se tiendra à Montréal.
« Le processus suit son cours normal. Les parties sont à s'échanger les expertises scientifiques et les rapports sont en préparation », a déclaré à La Presse Me Jean-Pierre Bertrand, l'avocat de Jeanson, il y a quelques jours.
En janvier, Jeanson a annoncé elle-même son contrôle positif à l'EPO, une substance dopante interdite, tout en plaidant son innocence. Du même souffle, la cycliste de 24 ans a fait part de sa décision de prendre sa retraite, se disant fatiguée de se défendre des accusations de dopage pesant sur elle.
Jeanson, qui s'expose à une suspension à vie, veut néanmoins blanchir sa réputation. Avec l'aide d'experts, elle entend contester la validité scientifique du test urinaire de détection de l'EPO devant l'AAA, l'instance arbitrale désignée par l'Agence américaine antidopage (USADA), qui a procédé au test positif de Jeanson.
Le clan Jeanson soutient être en mesure de prouver que le test urinaire n'est pas fiable à 100 % et peut mener à de fausses accusations.
Dans certaines conditions, à température du corps élevée et après un effort anaérobique intense, certaines personnes produiraient une protéine se retrouvant dans l'urine. La présence de cette protéine interférerait sur l'interprétation des résultats du test d'EPO. Jeanson prétend être du nombre.
La cycliste originaire de Lachine a subi son test positif dans l'heure suivant un contre-la-montre d'une course par étapes disputée en Pennsylvanie, le 25 juillet 2005.
Pour le moment, les experts embauchés par Jeanson et les responsables du laboratoire antidopage de UCLA, qui a procédé à l'analyse des deux tests positifs (échantillons A et B), préparent leurs argumentaires respectifs en échangeant des données, a mentionné Me Bertrand.
Les trois parties - Jeanson, l'USADA et la fédération américaine de cyclisme (USA Cycling), de qui Jeanson relève - exposeront leurs points de vue devant un panel formé de trois arbitres indépendants, déjà désignés. L'Agence mondiale antidopage n'exercera pas son droit d'être partie devant l'AAA, selon Me Bertrand.
Comme le veulent les règles de fonctionnement de l'AAA, le clan Jeanson et l'USADA ont chacun choisi un arbitre, lesquels se sont ensuite entendus pour nommer un président. Une décision sera rendue à la majorité.
L'USADA et USA Cycling sont déjà occupés par les cas autrement plus chauds du sprinter Justin Gatlin et du cycliste Floyd Landis, qui ont récemment été déclarés positifs à la testostérone.
Si elle perd sa cause, Jeanson s'expose à une suspension à vie, sanctionn recommandée par le Code mondial antidopage (article 10.2) pour une seconde violation.
Jeanson traînait déjà une tache à son dossier à la suite de son omission de se présenter à un contrôle antidopage après une course en Belgique, en avril 2004. Elle avait évité une première suspension de deux ans en faisant la preuve de sa bonne foi devant un panel de l'AAA. Elle n'avait écopé que d'une amende et d'un avertissement. Or cet avertissement a valeur de première violation dans le cas d'une récidive.
La décision de l'AAA, qui ne devrait pas être rendue avant janvier 2007, peut être contestée par les trois parties impliquées devant le Tribunal arbitral du sport, sorte de Cour suprême des différends sportifs internationaux.
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